Medias
Journal & grilles Appli mobile Newsletters Galeries photos
Medias
Journal des Grignoux en PDF + archives Chargez notre appli mobile S’inscrire à nos newsletters Nos galeries photos
Fermer la page

Extrait du dossier pédagogique
réalisé par Les Grignoux et consacré au film
Keeper
Guillaume Senez
Belgique/France, 2015, 1 h 35

On trouvera ici un extrait du dossier pédagogique consacré à Keeper. Ce dossier propose plusieurs pistes d'animation pour exploiter la vision du film en classe avec des élèves de l'enseignement secondaire à partir de quinze ans environ.

La mise en scène cinématographique

Éclairage, lumière, motifs et composition des plans, accompagnement musical, montage, prise de vue…, toutes les figures de mise en scène concourent, dans le film de Guillaume Senez, à créer un surplus de signification plus ou moins important. Par conséquent, nous proposons ici d'aborder quelques aspects de la création cinématographique en revenant sur les observations qu'auront pu effectuer les participants grâce aux consignes d'observation distribuées avant la projection.

Concrètement

Avant une mise en commun de tous les résultats, une première étape permettra aux participants ayant reçu la même consigne de confronter leurs observations en petits groupes.
Cet échange sera suivi d'une phase d'interprétation au cours de laquelle les participants s'attacheront à dégager en grand groupe les connotations et surplus de sens apportés par la mise en scène. En d'autres termes, il s'agira ici d'inciter les participants à produire des inférences créatives à partir des observations relevées mais aussi de quelques images significatives du film (voir images reproduites en pages 14-15 & 27 dans la version papier).
Enfin, les participants seront invités à donner du film une interprétation globale en rapport avec son titre, « Keeper ».


Quelques éléments d'interprétation

Une communication difficile [images 1 à 3]

1a.jpg
Image 1
2a.jpg
Image 2
3a.jpg
Image 3

On remarque que les instruments de communication utilisés habituellement comme le téléphone et en particulier le portable, le chat sur internet ou Skype témoignent précisément du refus ou de la difficulté de communiquer. Ainsi, à plusieurs reprises dans le film, l'un des deux tente en vain de joindre l'autre par téléphone : après la dispute au sujet des doutes formulés par Maxime quant à sa paternité, celui-ci refuse obstinément de prendre Mélanie au téléphone et il guette les messages désespérés qu'elle lui laisse sur un chat internet, mais sans jamais y répondre. Plus tard à la fin du film, après que Mélanie a quitté discrètement le bar pour retourner chez sa mère, ce sera au tour de Maxime de tenter de la joindre, sans plus de succès.
Cet objet jouera d'ailleurs un rôle crucial dans la destinée de Maxime, devenant le révélateur d'un manque d'implication à l'entraînement, pourtant décisif pour ce qui est de son éventuelle carrière professionnelle. Passé à côté de sa chance en raison d'un coup de fil reçu au mauvais moment, peut-être Maxime rend-il, indirectement et inconsciemment, Mélanie responsable de son échec. D'autre part, certains participants auront peut-être remarqué un détail relativement anodin mais toutefois significatif lors de la scène qui se déroule juste après l'installation de Mélanie chez Maxime. En effet, alors que Mélanie regarde les petits vêtements qu'il a portés étant bébé et que Maxime rentre de l'école, elle lui reproche immédiatement d'avoir oublié son portable, en dépit de ses recommandations. L'on a tout lieu de penser ici que cet oubli résulte en réalité d'un acte — conscient ou manqué — qui annonce peut-être déjà un refus des contraintes et responsabilités inhérentes à sa nouvelle condition de père maintenant toute proche.
Enfin, on retiendra encore comme symbole d'une communication difficile entre les adolescents la mauvaise qualité technique de leurs échanges sur Skype. Maxime se trouve alors en stage de foot pour une semaine tandis que Mélanie vient d'entrer en maison maternelle. Ils ne « s'entendent pas » au sens propre du terme ce qui, métaphoriquement, traduit bien l'écart qui est en train de se creuser entre eux.

Des barrières symboliques [images 4 à 7]

4a.jpg
Image 4
5a.jpg
Image 5
6a.jpg
Image 6
7a.jpg
Image 7

Par ailleurs, après l'annonce de la grossesse, on observe dans plusieurs plans du film l'interposition entre Mélanie et Maxime d'une vitre, ou plus précisément d'une porte vitrée. On peut ici interpréter une telle barrière comme le signe ténu mais néanmoins visible de la distance qui va progressivement s'installer entre eux en dépit de leur entente apparente. On observe aussi que ces barrières transparentes apparaissent toujours dans le contexte particulier de l'univers médical ou social de la grossesse : ainsi Maxime observe de l'extérieur l'entrevue qui a lieu entre Mélanie et l'assistant social du planning familial où ils se rendent pour la première fois ; plus tard, lorsque Mélanie fait part de son souhait de subir une interruption volontaire de grossesse, c'est encore une fois seule qu'elle franchit le seuil du service de gynécologie tandis que Maxime, lui, reste de l'autre côté et que nous la regardons s'éloigner à travers la petite partie vitrée de la porte qui s'est refermée sur elle. Dans le contexte du film, les barrières qu'on peut qualifier ici de symboliques apparaissent un peu comme les signes avant-coureurs de la rupture totale de communication qui se produira à la fin du film, et qui se matérialisera à l'écran par une image forte, lorsque nous voyons les deux adolescents échanger quelques mots assis sur le seuil devant le domicile de Mélanie, de part et d'autre de la porte d'entrée entrouverte et retenue par une chaîne de sécurité.
Enfin, le plan final, qui montre Maxime regardant Lucas disparaître à travers la baie vitrée qui sépare sa petite chambre du couloir, confirme la position extérieure qu'il a conservée tout au long de la grossesse, et ce en dépit d'une emprise bien réelle sur la jeune fille. Ce regard fixé sur l'absence vient ainsi clôturer l'histoire d'un jeune couple qui n'a pas su résister à l'épreuve d'une grossesse prématurée, avec tout ce que cela comporte en termes de pressions extérieures (sociales, morales…), de responsabilités à prendre et de séquelles psychologiques attachées aux choix envisagés, quels qu'ils soient.

La rupture [images 8 et 9]

8a.jpg
Image 8
9a.jpg
Image 9

Alors qu'elle est installée depuis quelques jours chez Maxime, Mélanie craque : elle pleure et dit ne plus vouloir de l'enfant qu'elle porte. Or ni Maxime ni sa mère n'entendent sa détresse. Nathalie la console et la rassure en lui disant qu'à quelques jours de l'accouchement, son attitude est normale, que son état de panique est vécu par toutes les futures mamans et que ça va passer. Effectivement, un peu plus tard, une autre scène s'ouvre sur la fête d'anniversaire qu'elle a organisée pour sa belle-fille, qui a retrouvé son sourire et profite avec bonheur de ce moment festif. Or, c'est précisément ce soir-là qu'elle va atteindre un point de rupture, au cours de la scène qui se passe au bar.
C'est l'ensemble de la mise en scène qui concourt ici à rendre la force émotionnelle de ce qui se passe dans la tête de la jeune fille, sans qu'aucune parole ne soit pourtant échangée. Sortis en cachette la nuit pour rejoindre leurs camarades, Maxime et Mélanie arrivent quand la fête bat son plein. Alors que Maxime boit et danse avec les autres, Mélanie, elle, sirote un jus d'orange assise au bar. Pendant toute la première partie de la séquence, la caméra reste fixée en gros plan sur son visage, dont les traits se ferment peu à peu, prenant par moments des allures expressionnistes sous l'effet des éclats blanchâtres de la lumière stroboscopique et d'une musique électro plutôt froide. Elle finit par se lever, enfile son manteau, puis elle reste un long moment debout avant de s'en aller sans que personne, même pas Maxime, ne s'en aperçoive. Après son départ, on observe que l'atmosphère du bar change radicalement : la lumière blanche fait place à des tonalités beaucoup plus chaudes, avec une dominante rouge-orangée, tandis que la musique prend les accents joyeux et optimistes d'un morceau disco sur lequel les jeunes dansent avec frénésie.
Sur le plan de l'interprétation, on peut estimer que cette manière contrastée de filmer un même endroit au cours de la même séquence correspond aux points de vue opposés de Maxime et de Mélanie, qui se sent désormais étrangère à l'univers festif et insouciant des jeunes de son âge.

Exprimer l'intériorité

La couleur et la lumière [images 10 et 11]

10a.jpg
Image 10
11a.jpg
Image 11

L'intériorité des personnages ainsi mise en valeur par l'un ou l'autre procédé de mise en scène est encore perceptible à bien d'autres moments du film, même si c'est sans doute de manière moins flagrante que dans cette scène-clef, qui combine plusieurs de ces procédés (lumière, couleur, musique…)
Dans notre culture, le blanc est généralement associé à la pureté, à la propreté, à l'innocence, à la virginité ou encore au vide. Tout comme le noir, le blanc se situe à une extrémité de la gamme chromatique, sans nuances ni variations. Sur un plan symbolique, on le retrouve aux moments charnières, entre autres lors d'un nouveau départ, ce qui en fait une couleur souvent liée aux rites de passage et aux mutations de l'être. Dans Keeper, l'utilisation du blanc est d'autant plus frappante qu'elle paraît accrue sous l'effet d'une surexposition de l'image. C'est ainsi le cas au moins à deux reprises : une première fois lorsque Maxime attend Mélanie dans la salle attenante au service de gynécologie où elle s'est rendue pour une IVG, et une seconde fois à la toute fin du film, lorsqu'il rend visite à son fils Lucas à l'hôpital. Cette blancheur interpellante, presqu'aveuglante qui semble accompagner Maxime lorsqu'il entre en contact avec l'univers de la grossesse ou de la maternité, outre le fait qu'elle souligne le côté clinique et aseptisé des lieux, peut encore être interprétée comme le symbole d'une réalité abstraite pour lui, une réalité qu'il a du mal à se représenter, une réalité « blanche » pour laquelle il ne possède pas vraiment d'images, comme, en somme, le signe d'une certaine candeur. En ce sens, on ne peut d'ailleurs qu'être frappé par la blancheur qui caractérise l'ameublement de son domicile (fauteuils, armoires, peintures…).

L'utilisation du flou [images 12 et 13]

12a.jpg
Image 12
13a.jpg
Image 13

À deux moments importants du film, on observe un contraste marqué au sein-même de l'image, entre l'avant-plan, très net et qui place un visage en évidence — celui de Maxime, filmé de profil, et celui de Mélanie, filmé frontalement — et l'arrière-plan, qui laisse les autres personnages dans le flou (Arthur d'une part, et les adolescents qui font la fête au bar d'autre part). Dans la première situation, Maxime vient d'essuyer un refus de l'entraîneur de lui accorder une nouvelle chance et s'apprête à quitter définitivement le terrain. Dans la seconde, Maxime et Mélanie, qui est maintenant à terme, sont sortis en cachette et en dépit des recommandations de Nathalie. Filmée en gros plan, Mélanie sirote un jus d'orange au bar. Pendant toute la scène, l'arrière-plan reste flou et plongé dans l'ombre. Sur le plan de l'interprétation, on peut imaginer que ces deux plans qui se ressemblent d'un point de vue formel ont également une signification analogue, le flou marquant ici le fossé qui s'est installé entre chacun des jeunes gens et leurs univers respectifs — celui du football professionnel pour Maxime, celui de la fête et de l'insouciance pour Mélanie — en même temps qu'il souligne leur profond isolement. D'ailleurs, on peut encore noter que Maxime quitte le stade sans que ses anciens coéquipiers, même Arthur, ne lui adressent un mot ni même un regard, tout comme Mélanie quittera le bar sans que personne ne s'en aperçoive.

La manière de filmer les personnages [images 14 à 21]

14a.jpg
Image 14
15a.jpg
Image 15
16a.jpg
Image 16
17a.jpg
Image 17
18a.jpg
Image 18
19a.jpg
Image 19
20a.jpg
Image 20
21a.jpg
Image 21

La manière de filmer les personnages du film est également significative, particulièrement dans le contraste qui s'établit entre les nombreux gros plans des visages et les plans, tout aussi nombreux, les montrant filmés de dos, comme si le film oscillait constamment entre l'émotion et la pudeur, l'ouverture et le repli, une intimité partagée et le respect d'une certaine distance. Par ailleurs plusieurs face-à-face sont filmés, plus ou moins longuement selon les circonstances, de profil. Il est ici à remarquer que cette posture du face-à-face caractérise principalement les échanges entre l'un des deux adolescents et un adulte (Maxime face à la mère de Mélanie, à l'assistant social du planning familial, à son père ou à l'entraîneur français ; Mélanie face à sa mère, face au même assistant social…) mais qu'elle est aussi frappante dans l'avant-dernière scène du film, lorsque Maxime et sa mère attendent l'autorisation de voir Lucas, installés juste en face de Mélanie, qui attend, elle, de voir si tous les documents sont en règle avant de rentrer chez elle. Tout indique donc dans cette figure l'idée d'une confrontation, plus ou moins empreinte d'hostilité selon les circonstances.
Enfin, de manière plus générale, la disposition des personnages les uns par rapport aux autres dans certains plans est également révélatrice. C'est par exemple le cas dans la scène de rencontre entre les deux familles, qui se déroule au domicile de Nathalie. Au cours de cette scène, la caméra reste le plus souvent fixée sur le divan où sont installés Maxime, Mélanie, et sa mère, qui occupe la place centrale. C'est essentiellement elle qui s'exprime, dans une position avancée qui masque sa fille, muette, invisible et donc totalement absente du débat pendant toute la première partie de la scène. Par ailleurs, on ne voit pas beaucoup non plus les parents de Maxime, qui s'expriment peu et sont installés « hors-champ », sur un autre canapé plus petit et situé à angle droit du premier, sur la gauche de l'écran. Toute l'attention se focalise donc sur la mère de Mélanie qui, outre le fait qu'elle casse en deux le jeune couple, apparaît comme la seule personne véritablement concernée par la grossesse de sa fille, la seule aussi à qui il appartient de prendre « la » bonne décision. Lorsque Mélanie se rebelle et annonce sa volonté de garder l'enfant, sa mère tente encore de reprendre l'ascendant en se levant de son siège, dominant l'ensemble de la scène. La manière dont sont filmés les cinq personnages au cours de cette séquence se révèle ainsi caractéristique des rapports de force qui se sont établis entre eux.

Le rôle de la musique [images 22 à 24]

   
22a.jpg
Image 22
23a.jpg
Image 23
24a.jpg
Image 24

À trois reprises dans Keeper, un morceau musical accompagne la fin d'une séquence et se prolonge sur la séquence suivante, qui se déroule dans un tout autre contexte spatial et temporel. Dans la première situation, Maxime et Mélanie regardent un feu d'artifice sur une fête foraine. Un plan de leurs visages tournés vers le ciel clôture la séquence sur les premières notes du titre Lake of Wine, de Ola Podrida. Alors que la musique continue, une autre séquence s'ouvre sur la sortie des classes et les retrouvailles enflammées des deux adolescents, qui s'éloignent ensemble de l'école. La musique s'interrompt brutalement lorsqu'ils pénètrent dans un long et sombre tunnel, comme pour faciliter la parole de Mélanie qui peine à ce moment-là à avouer à Maxime son envie de ne pas garder le bébé. Sur le plan de l'interprétation, on peut dire que la musique souligne dans cette première situation le côté romantique, voire idyllique d'une relation amoureuse faite de partage, de complicité et d'entente parfaite. Mais la manière brutale dont le morceau s'interrompt, combinée à l'endroit sombre et même lugubre où cette rupture musicale survient, renforce immanquablement le choc de la nouvelle reçue par Maxime, dont l'avenir rêvé s'assombrit tout-à-coup.

La musique n'a pas exactement la même fonction de surlignage dans la deuxième situation, même si elle commence de la même façon en accompagnant le dernier plan d'une séquence — les visages des adolescents filmés en gros plan alors qu'ils sont assis sur le lit de Maxime, après la scène de rencontre entre les deux familles à propos de la grossesse de Mélanie — et si elle se poursuit en s'intensifiant sur la séquence suivante, qui montre Maxime en train de faire un jogging dans les bois. Contrairement à la première situation, le morceau — Misses, des Girls in Hawai — couvre ici l'ensemble de la séquence, et ne s'arrête qu'à l'ouverture d'une troisième séquence, lorsque Mélanie passe une échographie en compagnie de Maxime. On peut estimer tout d'abord que cette période comprise entre la rencontre familiale, qui a lieu alors que Mélanie est enceinte de trois mois et demi, et l'échographie qu'elle passe à six semaines de l'accouchement, couvre environ quatre mois et que cet intermède en forme de jogging est une façon imagée de combler une ellipse temporelle marquée par l'absence d'événement saillant et sans doute une relative harmonie. C'est en tous cas ce que semble suggérer l'unité musicale qui caractérise cette séquence particulière, sans vraie fonction narrative autre que celle d'évoquer le temps qui passe.

Mais dans la troisième situation, la musique d'accompagnement tient encore un autre rôle. Alors qu'elle est presque à terme, Mélanie pleure tout le temps car elle ne veut plus du bébé qu'elle porte, ce qui pousse Maxime à demander à l'entraîneur de le réintégrer à l'équipe sélectionnée pour les tests. Ayant essuyé un refus, il rentre chez lui en train ; le paysage gris défile sur un fond musical assez sombre, mélancolique lui aussi 1. Sa tête, appuyée sur la vitre du wagon et recouverte d'un casque audio, est filmée en gros plan. Comme dans les deux autres situations, la musique se prolonge sur la séquence suivante, qui s'ouvre sur le visage rayonnant et détendu de Mélanie, pour qui Nathalie a organisé une fête d'anniversaire. Viennent alors se superposer aux notes du morceau les éclats de rire de la jeune fille, occupée à souffler les bougies de son gâteau. Ce sont donc deux scènes proches dans le temps mais d'une tonalité différente qui se succèdent ici dans une même continuité musicale, qui ne peut que mettre en évidence le caractère épisodique de ce bonheur affiché, l'arrière-plan, le contexte restant quant à lui profondément imprégné de gravité.

Keeper

« Keeper » est le substantif dérivé du verbe anglais « to keep », qui signifie « conserver, garder ». On le retrouve dans un grand nombre de locutions nominales comme park keeper, zoo keeper, lighthouse keeper… (gardien de parc, de zoo, de phare…) ou encore dans le substantif « goalkeeper », le gardien de but, très souvent raccourci par aphérèse et désigné par le simple mot « keeper ».
Le terme fait donc clairement référence ici à la place de gardien de but qu'occupe Maxime sur le terrain de football où il s'entraîne avec son père puis au stage prestigieux pour lequel il est sélectionné. Le fait qu'il donne son titre au film de Guillaume Senez indique que le réalisateur a souhaité d'emblée mettre l'accent sur le rôle et la position du jeune homme, tout en privilégiant d'autre part son point de vue sur les événements qui surviennent. Lorsqu'on l'interroge sur le lien entre un tel titre et le contenu-même de son film, Guillaume Senez explique : « Je voulais parler de l'impuissance de la paternité et je trouvais que ça faisait écho au poste de gardien de but où l'on peut limiter la casse mais jamais faire évoluer le score. Le personnage principal, Maxime, est un gardien de but de 15 ans qui rêve d'être pro mais dont la copine se retrouve enceinte. Il essaye d'influencer le cours des événements mais il est toujours rejeté, comme s'il ne pouvait pas sortir de ses 16 mètres. Je trouvais aussi intéressant dans le football le fait que l'on donne très tôt beaucoup de responsabilité à des très jeunes joueurs. » Ainsi, dans le contexte du film, le gardien de but symboliserait l'impuissance du futur père face à la décision de garder ou non l'enfant, le parallèle entre les deux situations étant encore renforcé par l'une des significations particulières du verbe « to keep », qui désigne en anglais l'action de « faire vivre », « assurer la subsistance [d'un membre de la famille] ».


Tous les dossiers - Choisir un autre dossier