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Extrait du dossier pédagogique
réalisé par Les Grignoux et consacré au film
Qu'est-ce qu'on attend ?
de Marie-Monique Robin
France, 2017, 1h59

Qu'est ce qu'on attend ? raconte comment Ungersheim, une petite ville d'Alsace de 2 200 habitants, s'est engagée dans une démarche de transition vers l'après-pétrole. Sous l'égide de leur maire Jean-Claude Mensch, les citoyens y développent un certain nombre d'initiatives sous forme d'un programme intitulé « 21 actions pour le XXIe siècle ».
Les animations présentées dans ce dossier pédagogique consacré à Qu'est ce qu'on attend ? s'adressent aux enseignants des cycles moyen et supérieur de l'enseignement secondaire qui verront le film avec leurs élèves ainsi qu'aux animateurs en éducation permanente. Elles se donnent pour objectif principal de sensibiliser les participants à la cause écologique en les aidant à construire par eux-mêmes le concept de transition ou encore en revenant en profondeur sur les différentes initiatives mises en oeuvre à Ungersheim.
Dans l'animation présentée ci-dessous, les spectateurs et spectatrices sont invités à faire part de leurs premières réactions vis-à-vis des initiatives montrées dans ce documentaire.

Séduits ou sceptiques ?

Avant de revenir plus en détails sur la politique de transition mise en place par Jean-Claude Mensch, invitons les participants à nuancer leurs avis sur le film en revenant sur quelques-unes des actions menées à Ungersheim (voir le questionnaire ci-dessous).

Concrètement, il s'agira, pour chaque proposition, d'indiquer individuellement si l'on est plutôt sceptique ou plutôt séduit par l'initiative, en plaçant une croix dans la colonne correspondante.

Les termes et expressions signalés en caractères gras et italiques font l'objet de courtes définitions qui seront distribuées à chaque groupe avant le début de l'activité [voir l'encadré ci-dessous]. Cette étape préliminaire devrait permettre d'enrichir et de nuancer une première discussion en grand groupe autour du film de Qu'est-ce qu'on attend ?

Questionnaire : Séduits ou sceptiques ?

Quelle est ta première réaction face aux actions menées à Ungersheim ? Séduit Sceptique
1. À Ungersheim, le cheval remplace la voiture pour conduire les enfants à l'école et le tracteur pour tirer les machines agricoles, pour distribuer les produits de maraîchage, effectuer les travaux de débardage en forêt…

2. Les enfants participent activement aux travaux des champs ; ils sont consultés sur les choix alimentaires et énergétiques opérés par la commune.

3. La commune d'Ungersheim a instauré un système de démocratie participative : les citoyens sont intégrés aux réunions du Conseil municipal et associés aux décisions qui s'y prennent.

4. Les habitants d'Ungersheim pratiquent la permaculture, qui n'utilise ni engrais ni pesticides et emploie des variétés de graines anciennes.

5. L'éco-hameau regroupe neuf maisons entièrement passives, toutes construites avec des matériaux 100 % naturels et locaux.

6. Chaque copropriétaire de l'éco-hameau doit signer une charte établie en commun sur base des 10 principes de BedZED.

7. Aux Jardins du Trèfle Rouge, on cultive des légumes 100 % bio qui servent, entre autres, à fournir les cantines scolaires de la commune.

8. Les Jardins du Trèfle Rouge emploient des personnes précarisées à des fins de réinsertion socioprofessionnelle.

9. Pour dynamiser l'économie locale, les habitants utilisent une monnaie alternative : le Radis.

10. La paille accumulée après les récoltes de céréales est récupérée et utilisée pour isoler les murs des maisons de l'éco-hameau et ceux de la maison des Natures et des Cultures.

11. La construction d'une centrale solaire photovoltaïque permet d'approvisionner 10 000 habitants en électricité.

12. Une conserverie permet de transformer les légumes excédentaires ou déclassés du Trèfle Rouge en produits divers (soupes, confitures de tomates vertes, ratatouilles…).

13. Cette conserverie tourne avec une équipe de bénévoles (essentiellement de jeunes retraités) dirigée par l'unique salarié du groupe.

14. De vieilles machines ont été remises en service. Tirées par un cheval, elles servent à la culture et au ramassage des patates.

15. Un citoyen propose d'utiliser les espaces verts des villes pour faire de l'agriculture.

16. Jean-Sébastien, ex-vétérinaire reconverti dans la permaculture, propose que les chômeurs soient mobilisés pour travailler dans l'agriculture biologique, qui nécessite une main d'oeuvre abondante.

17. La construction d'une éolienne d'une capacité de 2 000 watts permet d'alimenter en électricité les Jardins du Trèfle Rouge et la Maison des Natures et des Cultures.

18. Jugensolar, une école suisse en transition, forme de futurs éco-citoyens. Les élèves placent des panneaux photovoltaïques sur les toits et participent à l'établissement du cadastre solaire de la commune.

Quelques brèves définitions

La permaculture

De la même façon que le système immunitaire d'un organisme humain se trouve fragilisé par la prise régulière de compléments alimentaires (vitamines, oligoéléments…) ou d'antibiotiques, par exemple, une plante perd toute capacité à l'autodéfense si elle pousse en étant boostée par les engrais et débarrassée des insectes parasites et autres prédateurs grâce aux pesticides. Le but de la permaculture est par conséquent de supprimer ou de limiter au maximum toute intervention humaine dans les processus naturels afin que l'ensemble des organismes vivants retrouvent de la résilience, autrement dit une solidité naturelle qui leur permette de se défendre par eux-mêmes. C'est pour cela, par exemple, que dans Qu'est-ce qu'on attend ?, le couple de boulangers utilise des variétés de graines très anciennes beaucoup plus résistantes que les variétés récentes, dont l'empreinte génétique s'est progressivement modifiée au fil du temps sous l'effet des intrants.

C'est pour cette raison aussi qu'ils n'utilisent pas non plus d'engrais naturel (fumier, compost…) et qu'ils ont rendu barbues les espèces les meilleures, afin qu'elles puissent se protéger par elles-mêmes de prédateurs comme le sanglier, très présent aux abords du village. Dans un tel environnement composé d'écosystèmes équilibrés, l'homme doit impérativement, pour assurer sa survie à long terme, reconsidérer son rapport à la nature, dont il fait partie intégrante au même titre que les autres organismes vivants. Il doit notamment limiter ses interventions au strict minimum afin d'y retrouver lui-même une place juste. Cette ré- flexion a donné lieu aux trois principes éthiques qui se trouvent à la base de la permaculture : les soins à la terre, les soins aux gens et un partage équitable.

Ce concept a été élaboré il y a une quarantaine d'années par deux Australiens (Mollison et Holmgren) dans le contexte d'une émergence de la conscience écologique. Partant du constat que l'agriculture industrielle était en train de détruire la biodiversité et la fertilité des sols, ceux-ci ont proposé de créer et de développer des systèmes agricoles durables et résilients[1]. Depuis une quinzaine d'années, et sous l'impulsion de David Holmgren[2], le concept s'est étendu à tous les domaines de la vie humaine. Au-delà de l'agriculture biologique, il concerne aujourd'hui aussi bien la mise en circulation de monnaies locales, le recyclage, le partage des savoirs et la solidarité, l'éco-habitat… Toutes ces pratiques se retrouvent aujourd'hui au coeur du mouvement des Villes en transition initié en Angleterre par Rob Hopkins. Le but ultime est d'amener l'humanité à passer de la dépendance au pétrole à la résilience locale en réduisant - voire en supprimant - la consommation d'énergie fossile, en relocalisant les activités et en intensifiant les relations humaines.

Les dix principes de BedZED

À Ungersheim, chaque copropriétaire de l'éco-hameau doit signer une charte établie sur base des 10 principes de BedZED (Beddington Zero Energy Development), un éco-quartier créé en 2004 au sud de Londres, dans la ville résidentielle de Sutton. Cet éco-quartier comprend à l'origine 2 500 m2 de bureaux et de commerces, 82 logements, un espace communautaire, une salle de spectacles, des espaces verts, un centre médicosocial, un complexe sportif, une crèche, un bar, un restaurant et un espace intergénérationnel.

Le projet développé à Ungersheim s'inspire donc de ce modèle britannique, qui se caractérise par une consommation d'énergie strictement limitée à l'énergie renouvelable qu'elle produit.

Les dix principes de BedZED qui fondent la charte répondent à un double objectif écologique et social.

Ils sont les suivants :

1. Zéro émission de carbone
2. Zéro déchet
3. Transports durables
4. Matériaux durables d'origine locale
5. Alimentation durable
6. Économie d'eau
7. Protection de la biodiversité
8. Protection et respect de la culture du lieu
9. Commerce équitable
10. Mixité sociale, générationnelle, santé et bien-être

La démocratie participative

La démocratie (du grec « dêmos », « peuple » et « kratos », pouvoir, autorité ») participative trouve son fondement dans les lacunes de la démocratie représentative telle que nous la connaissons aujourd'hui, caractérisée par un petit nombre d'élus censés « représenter » la voix de la masse des électeurs. Les principaux reproches formulés à l'égard de ce système politique portent ainsi sur un parlement non représentatif de la diversité de la société, l'éloignement des élus du terrain et de la réalité quotidienne, le sentiment pour le citoyen de ne pas être compris des hommes politiques, une certaine méfiance envers eux, un désintérêt croissant pour les élections…

Pour pallier toutes ces insuffisances, la démocratie participative a mis au point un ensemble de dispositifs et de procédures qui permettent d'augmenter l'implication des citoyens dans la vie politique (de la commune, de la région, du pays…) et d'accroître leur rôle dans la prise de décision. En d'autres termes, elle peut se défi- nir comme une forme de partage du pouvoir entre les élus et les citoyens, qui prennent part aux débats et aux décisions le plus souvent via des associations. Elle s'est instaurée dans bon nombre de domaines, plus particulièrement dans le domaine de l'aménagement du territoire et de l'environnement.

Les monnaies locales

Une partie de la population de Ungersheim utilise le Radis, autrement dit une monnaie « non officielle », pour payer les biens et les services qu'ils achètent. De la même façon, il existe aujourd'hui dans le monde environ 5.000 monnaies locales complémentaires. Tout comme la monnaie « officielle » - l'euro, le dollar… -, la monnaie locale permet de mesurer la valeur d'un bien et représente un moyen d'échange accepté par l'ensemble de ses utilisateurs. En temps de crise, elle permet de répondre à des besoins auxquels la monnaie officielle ne répond plus et tente de contrer les effets néfastes du système capitaliste (délocalisations, consumérisme, épuisement des ressources, spéculation financière…).

Le but est de permettre au citoyen de se reconnecter avec l'économie réelle, l'argent en circulation étant dépensé et réinvesti localement au bénéfice des producteurs et commerçants de la région. Une monnaie locale complémentaire semble donc jouer deux rôles importants : en tant qu'outil, elle permet de soutenir et redynamiser l'économie locale, et en tant qu'instrument de militance, elle représente un moyen de lutter contre les principes de l'économie spéculative et de défendre une autre philosophie de vie, une autre vision de l'économie qui serait véritablement au service du citoyen et de son environnement. En effet, comme les monnaies locales circulent sur un territoire restreint, elles participent à la réduction des émissions de carbone liées au transport et à la fabrication des produits, encourageant de cette façon les pratiques de vie durable. Soutenir les producteurs locaux, c'est donc aussi favoriser les circuits courts.


1. Bill MOLLISON & David HOLMGREN, Permaculture 1. Une agriculture pérenne pour l'autosuffisance et les exploitations de toutes tailles, éditions Debard,1986 (édition originale : 1978).

2. David HOLMGREN, Permaculture : principes et pistes d'action pour un mode de vie soutenable, éditions Rue de l'Échiquier, 2014 (édition originale : 2002).


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