La Galerie Satellite présente :

Barbara Debeuckelaere

Omm

« Omm » est un travail visuel collectif réalisé par Barbara Debeuckelaere avec les femmes et les filles de huit familles de Tel Rumeida, à Hébron, l’une des zones les plus complexes de la Cisjordanie habitée par un mélange explosif de Palestiniens, de colons radicaux israéliens et de soldats. Fonder une famille, élever des enfants et rester dans ce lieu incroyablement violent, perpétuellement menaçant et constamment en proie à des confrontations, c’est pour ces femmes et ces jeunes filles, faire preuve d’une force extrême. En tentant de maintenir un foyer aimant pour leurs enfants et les membres de leur famille, ces femmes et ces jeunes filles mènent une guerre contre la guerre, différente, invisible. Dans les articles de presse ou les vidéos diffusées sur les médias sociaux, on voit surtout des hommes qui se soumettent ou ripostent à la violence des colons et des soldats. L’appareil photo est leur arme la plus puissante pour documenter et dénoncer. Ce sont habituellement des appareils numériques qui sont utilisés dans les reportages qui tentent de capturer le contexte, la violence, l’impasse politique, les hommes, tout ce qui entoure la vie des Palestiniens à Tel Rumeida.

Pour Omm, avec Barbara Debeuckelaere, les femmes de Tel Rumeida sont devenues les photographes et elles ont choisi la photographie analogique pour transmettre quelque chose de moins tangible, de moins rationnel, de plus ambigu et émotionnel, de plus féminin. Elles ont photographié leur maison et leur environnement immédiat, pour nous montrer, dans une grande spontanéité et sans suivre de formation au préalable, ce qu’est la vie et l’amour dans cet endroit violent. Ce projet, conçu et réalisé avant la guerre actuelle, est comme un ultime acte de résistance sans bouger, sans fuir. Le caractère imprévisible de l’analogique, les fuites de lumière, les erreurs, tout cela correspond parfaitement au fait que ces femmes ont peu de contrôle sur la politique.

« Omm » est une œuvre collective, pas des photographies d’auteures ou professionnelles . C’est une œuvre d’amour qui ne s’arrêtera jamais. Jusqu’à la fin de l’occupation, jusqu’à ce que toutes et tous soient libres.