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le 04 Septembre 2024 à 20h00 Première
Porté par de jeunes comédiens stylés et un sens bluffant de l’action, ce thriller belge à l’identité visuelle forte est une excellente découverte de cinéma. Le récit d’une nuit cauchemardesque vécue à cent à l’heure par un personnage intègre qui ne veut pas être contaminé par le Mal
Ce soir-là, Mady, étudiant le jour et serrurier la nuit, voit sa vie basculer quand il ouvre la mauvaise porte et devient accidentellement complice d'une affaire de grand banditisme. Au cœur d’une ville en pleine ébullition, Mady n'a qu'une nuit pour se tirer d'affaire et retrouver la trace de Claire, celle qui a trahi sa confiance. Le compte à rebours est lancé…
Attribuer à son personnage principal la fonction de serrurier dit tout d’un film qui, symboliquement et littéralement, nous ouvrira multitude de portes pour nous dessiner l’humeur d’une ville et, à travers elle, témoigner du caractère particulièrement anxiogène et violent de notre époque.
La Nuit se traîne s’inscrit en cela dans la droite ligne d’un cinéma américain qui aime brouiller les pistes et les genres pour être à la fois moderne et classique, contemplatif et spectaculaire, expérimental et commercial, divertissant et politique, et dont la figure tutélaire serait le grand Michael Mann (on pense ici beaucoup à Collatéral).
La trajectoire violente du personnage central raconte aussi quelque chose d’une certaine jeunesse condamnée, n’ayant pas d’autres opportunités, à dialoguer avec le Mal. Mady est ce jeune homme d’origine africaine contraint d’exercer un petit boulot pour subvenir à ses besoins et qui se retrouve aux prises avec une succession d’événements tragiques qui le dépassent. Le réalisateur Michiel Blanchart ajoute parallèlement de la tension provoquée par le contexte d’une manifestation Black Lives Matter qui tourne mal. Elle reste toujours en retrait de l’intrigue, incarnant le chœur d’une tragédie qui imprègne de plus en plus le film de sa complainte angoissante, et montre à quel point la société se fissure à tous les niveaux.
Cette intrigue haletante se déroule dans un Bruxelles nocturne et underground assez méconnaissable, sublimé par la texture d’une image sombre et chaude particulièrement soignée, par une B.O. aux nappes synthétiques et hypnotiques. Que dire surtout des scènes d’action spectaculaires et virtuoses (on vous conseille plus particulièrement la scène à vélo… dans le métro !), un vrai tour de force artistique et de réalisation franchement digne d’une production américaine. Un premier film décidément passionnant !
NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux
