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Bande-annonce
affiche du film Une part manquante

Prochaines séances

  • 2024-11-20 20:00

Une part manquante

  • Réalisé par
    Guillaume Senez
  • Interprété par
    Romain Duris, Mei Cirne-Masuki, Judith Chemla
  • Distributeur
    O'Brother
  • Langue
    français et japonais
  • Pays d'origine
    Japon/Belgique/France
  • Année
    2024
  • Durée
    01 h 38
  • Version
    Version française
  • Type
    Drame
  • Date de sortie
    2024-11-20

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Tournée au Japon, cette émouvante étude psychologique du cinéaste belge Guillaume Senez (Keeper, Nos batailles) sur la parentalité aux prises avec les différences culturelles impressionne par sa maîtrise, tout s’y jouant dans les détails et la nuance… 

Tous les jours, Jay parcourt Tokyo au volant de son taxi à la recherche de sa fille, Lily. Séparé depuis neuf ans, il n’a jamais pu obtenir sa garde. Alors qu’il a cessé d’espérer la revoir et qu’il s’apprête à rentrer en France, Lili entre dans son taxi…

Pour Jay (Romain Duris, intense et fragile), être taximan, c’est vivre dans le paradoxe. D’un côté, il parcourt Tokyo enfermé dans son habitacle et dans cette discrétion qu’impose naturellement son métier ; de l’autre, il ne cesse de briser cette solitude en ouvrant ses portes pour accueillir le monde chez lui, des êtres dont il captera furtivement, l’espace de quelques kilomètres, un regard, et avec qui il échangera une poignée de mots. Pour quelqu’un qui est en plein doute, le métier de taximan est une opportunité (inconsciente ?) de redéfinir le trajet de son futur. Être taximan, c’est ici vivre en mouvement et espérer attirer à soi l’inattendu. 

Comme dans le Perfect Days de Wim Wenders auquel on pense beaucoup, la poésie surgit tranquillement, comme par mégarde, dans une observation très pointilleuse et délicate de la réalité. Tout est discret et simple dans la mise en scène d’Une part manquante, rien d’ostentatoire ni de naïf dans les images captées de cette ville et de ce pays. Guillaume Senez filme le Japon de tous les jours sans exotisme, avec les yeux de celui qui en a compris la culture pour savoir comment en restituer l’âme à l’écran.

L’écriture est fine, les choses sont révélées en creux, en filmant des relations humaines dans toute leur spontanéité, dans leur aspect faussement anecdotique. Quand, à la fin d’une soirée, des personnages éméchés chantent une reprise en japonais du Que je t’aime de Johnny, ils sont heureux comme des gosses et nous délivrent quelque chose d’eux-mêmes qui vaut tous les discours. 

Une part manquante aborde le noyau familial dans ce qu’il a de plus intime : les conséquences d’une séparation pour la garde de l’enfant. Dans sa quête, Jay fait face à d’autres moeurs, à d’autres pratiques concernant la garde des enfants quand on est divorcé et étranger (le film nous apprend que la justice japonaise intervient rarement dans les affaires de famille), lui qui veut juste renouer avec sa fille.

Certes, c’est un film sur la douleur, l’incompréhension, le manque et le besoin, mais on sent chez Guillaume Senez, cinéaste habitué à questionner les dysfonctionnements familiaux, le besoin de trouver la lumière (l’humanité, la chaleur) que chaque séquence peut contenir en elle. C’est pour cela que l’on se sent si bien dans Une part manquante. C’est un cinéma à fleur de peau, pas théorique, qui traite de questions de société cruciales à travers ses personnages, pas à leur détriment.

NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux

Fiche PDF du film