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  • Réalisé par
    Joachim Lafosse
  • Interprété par
    Virginie Efira, Kacey Mottet Klein
  • Distributeur
    O brother
  • Langue
    français
  • Pays d'origine
    Belgique
  • Année
    2018
  • Durée
    1 h 24
  • Version
    Version française
  • Date de sortie
    2019-01-30

Une cavale douloureuse au souffle westernien entre une mère (Virginie Efira) et son fils (Kacey Mottet Klein). Et Joachim Lafosse d’être toujours présent pour évoquer l’éclat de l’intime dans un film d’action parfaitement maîtrisé

Ils sont deux. La mère et le fils. À cheval. Ils traversent des paysages d’une infinie beauté. Dès qu’ils font étape dans une ferme isolée, on peut les localiser dans une région orientale de l’ex-URSS. Samuel a la physionomie filiforme du « poor lonesome cow-boy ». Il maîtrise parfaitement sa monture et fait corps avec elle. Son attachement aux chevaux est manifeste. Il les caresse, les étreint, se fond dans leur encolure. Par contre, il semble totalement ignorer sa mère. Une belle femme à la maturité blessée, mais déterminée à poursuivre jusqu’au bout cette étonnante chevauchée avec son fils. Dans la maisonnée kirghize qui les accueille, c’est l’explosion. Fermé, violent, hostile vis-à-vis de ses hôtes, Samuel proclame ouvertement qu’il n’en a rien à foutre de ce voyage et encore moins de sa mère. Pour lui, il est inutile de vouloir rattraper des vies gâchées, des absences qui ont provoqué blessures et gouffres de solitude.

Difficile d’aller plus loin dans l’hostilité froide, la rage, le dégoût. Et pourtant ces deux-là ont encore un sacré bout de chemin à parcourir ensemble. La possibilité d’une mauvaise rencontre, la nuit avec ses cris et contours inquiétants, les sables mouvants, le corps-à-corps permanent avec la fébrilité des chevaux vont les rapprocher. Bien entendu, Joachim Lafosse évite de nous jouer l’inévitable partition du « complexe d’Œdipe pour les nuls ». Sa priorité est de filmer une aventure et les gestes élémentaires pour s’adapter à un environnement sauvage. La mère et le fils doivent d’abord trouver les mots indispensables pour aller au bout de leur périple.

Ensuite, ils pourront tenter de régler leurs comptes avec leur passé. Mais le cinéaste refuse toute forme d’explication psychologique pour se concentrer sur la chevauchée à travers monts et vallées, tempête de neige et soleil.

Une fois encore, on apprécie Virginie Efira dans un rôle dramatique, celui d’une mère courage au profil particulier : elle mise tout sur ce voyage où elle se met inévitablement en danger et reçoit les coups de sa progéniture avec laquelle elle doit régler des comptes. Quant à Kacey Mottet Klein, il pourrait figurer sans problème dans un western de Leone. Sec, fermé, les nerfs à vif, c’est une grenade dégoupillée prête à en découdre à la moindre remarque. Mais il lui est impossible de cacher toute cette part d’enfance qui l’habite encore.

Joachim Lafosse confirme qu’il figure parmi les plus grands du cinéma belge. Cette fois-ci, avec une incroyable économie de moyens, il a relevé le défi de trouver le juste équilibre entre la sourde résonance de l’intime et le souffle de l’aventure.

DANY HABRAN, LES GRIGNOUX

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