Ce film est disponible également en matinées scolaires
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Idriss Gabel nous parle de l’exil du point de vue des enfants. Un documentaire touchant qui pose un regard attentionné sur cette tranche d’humanité déracinée.
Sur la période de programmation du journal n°267, filmvisible uniquement au cinéma Sauvenière à Liège.
Nous sommes au centre d’accueil « Le relais du monde » de Natoye entre Namur et Ciney. Durant un an, le réalisateur a suivi les enfants du centre dans leur quotidien, apprenant à les connaître, installant consciencieusement avec eux une relation de confiance, avant de commencer à les filmer.
Les enfants viennent d’Afghanistan, d’Erythrée, d’Irak ou de Syrie, et ont un point commun : ils ont fui la guerre, la persécution ou des situations d’extrême pauvreté. Ils racontent chacun à leur tour le parcours qui les a menés jusqu’en Belgique, et plus particulièrement la manière dont le trajet s’est déroulé car, sous la protection de leurs parents, ils ont peu d’informations détaillées sur les raisons de leur départ. On retrouve souvent dans leur récit un départ violent, dans la nuit, une angoisse qui ne les quitte jamais, des traversées périlleuses, des pleurs et des cris ininterrompus et, pour certains, des pertes de proches.
Il y a Zahra, qui gardera de son périple une grande cicatrice sur le bras, Hassan, qui a vu tomber un ami sous une balle de sniper, et la petite Yalda, prête à prier n’importe quel dieu pour recevoir un avis positif de l’office des étrangers. Ce mot « positif », ils l’ont tous sur le bout de la langue, ils l’attendent fiévreusement, et redoute l’avis contraire. Pas besoin de long discours pour comprendre le drame que représenterait pour eux un retour au pays.
Relégués au second plan, nous apercevons quelques fois les parents. Dans ces moments d’intégration complexes, leurs enfants deviennent souvent un support essentiel. Leur plus grande facilité à apprendre la langue, leur joie de vivre, et cette capacité à regarder devant soi, apportent un souffle indéniable aux adultes, certainement pas dupes quant à l’accueil qu’on leur réserve au-delà du centre.
Il suffit parfois de regarder le monde à travers des yeux d’enfants pour mieux mesurer ces réalités qu’on aborde trop souvent en termes de statistiques, de considérations politiques, avec toujours trop de distance.
Derrière cette humanité qui a dû choisir l’exil, il y a les récits de vie, poignants, des enfants, qu’il serait bien honteux de ne pas regarder en face.
Un film lumineux, jamais plombé malgré la violence qui se dégage parfois des témoignages, que l’on souhaite à tous de voir.
Une bouffée d’air dans la grisaille de notre actualité nationale.
© Alicia Del Puppo, Les Grignoux
Enseignants, ce film est également proposé à Liège en matinée scolaire : infos et réservation ici
