Pas de séances programmées pour ce film dans nos salles pour l'instant.
Venu d’Indonésie, Marlina est une épatante découverte, un western féministe zébré d’éclats de violence bien sentis, une charge contre l’impunité, bref un film qui n’a pas froid aux yeux ! Révélé à la dernière Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes 2017.
Une campagne indonésienne magnifique, avec une maison nichée là comme la promesse d’un havre de paix. Marlina y est seule, et quand Markus fait irruption, elle a beau lui dire que son mari va revenir, il ne la croit pas. Et pour cause : il a vu son corps embaumé dans une autre pièce… Marlina cohabitant en effet avec son défunt mari en attendant de pouvoir lui payer des obsèques.
Las, voilà Markus avec un plan pour le moins glaçant : des amis à lui vont venir dans quelques heures, ils lui voleront ses animaux et la violeront. On lit tout l’effroi qui s’empare alors de Marlina. Le sursis qui lui est octroyé (ces fameuses quelques heures) va cependant lui permettre de mettre en place un plan pour sortir de ce cauchemar.
On n’a pas le temps d’admirer la beauté des paysages, de se faire une demi-réflexion sur la rareté du cinéma indonésien sur nos écrans, que nous voilà happés par ce film qui déploie sur ses vingt premières minutes un mélange de tension et de calme, de gravité et de trivial (Marlina doit en plus préparer du poulet à ces messieurs) qui vous prend littéralement aux tripes.
Après une scène assez jubilatoire où la veuve aura raison de ses tortionnaires, le film ne s’enfonce pas dans la route de l’ultra-violence et lui préfère un chemin de traverse. Celui d’un périple vers le commissariat, où elle sera accompagnée d’une amie « très » enceinte, quelque peu surprise de voir Marlina attendre le bus tranquillement, alors qu’en bandoulière pend la tête livide du chef de ce petit gang d’hommes qui ne pensaient pas qu’une femme seule allait trouver les ressources pour se sortir de la sordide situation dans laquelle ils voulaient l’enfermer…
De magnifiques séquences, presque burlesques, voient ainsi Marlina en route, parfois prise de visions de l’homme décapité. Et peu lui chaut les réactions outrées des gens qui croisent son chemin. Pendant ce temps, les deux derniers comparses de l’odieux forfait décident de se mettre à la recherche de cette femme qui a osé défier le triste destin qu’ils lui avaient réservé.
Divisé en quatre actes aux tons différents, voici un film audacieux et revêche, une découverte à ne pas manquer.
© Grignoux — Catherine Lemaire
