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affiche du film Visite d'Etat policier

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Visite d'Etat policier

  • Titre original
    Der Polizeistaatsbesuch
  • Réalisé par
    Roman Brodmann
  • Langue
    allemand
  • Pays d'origine
    Allemagne (RDA)
  • Année
    1967
  • Durée
    0 h 45
  • Version
    Version originale sous-titrée en français

Berlin, 2 juin 1967, l’étudiant Benno Ohnesorg est abattu d’une balle dans la tête par un policier. Il protestait pacifiquement contre la visite d’État du Chah d’Iran. L’incident se déroule à l’abri du regard des caméras. Mais le microphone d’une équipe du SDR, la télévision publique allemande, enregistre le coup de feu qui ponctuera Visite d’État policier.

En été 1967, le Chah d’Iran est reçu en grande pompe en Allemagne de l’Ouest. Pour l’occasion, 30 000 policiers sont mobilisés, les autoroutes fermées, les jets de fleurs interdits. La situation est grotesque mais non exceptionnelle, hier comme aujourd’hui : un dictateur est reçu par une république démocratique qui se prend au jeu des honneurs impériaux.

Partout dans le pays on s’affaire, on repeint les murs des bâtiments publics, et on enchaîne les répétitions générales pour que le Chah et sa Chahbanou puissent se convaincre de la splendeur allemande, et si possible, sans qu’un attentat ne vienne troubler la fête.

Dans le style du cinéma direct, mais porté par une voix off géniale de malice, Visite d’État policier de Roman Brodmann commente quelques jours d’agitation qui culmineront dans la mort d’un étudiant berlinois. Ici, on colle le tapis rouge sur le tarmac de l’aéroport, « pour qu’il ne s’envole pas ». Là, une fière hôtelière dont le précédent fait d’armes est « d’avoir épluché une pomme pour le Führer », peaufine sa révérence. Plus loin encore, un garde du corps vérifie un catalogue d’exposition, nous rappelant « combien un livre peut être dangereux ».

Malgré le ton policé du commentaire, on comprend très vite que le documentaire de Brodmann a choisi son camp, celui de la critique mordante, de l’ironie, de l’humour qui caractérise la plupart des films de « l’École de Stuttgart », produits par le SDR. Le montage également, aux effets parfois franchement hilarants, ne cesse de tourner le réel en dérision, comme lorsque les révérences des officiels sur la piste de Tempelhof sont ponctuées par les coups de canon tirés en l’honneur du roi iranien.

Disons-le sans détour, Visite d’État policier égratigne cette Allemagne policière et fière « de ces grands efforts fournis par les dernières générations », selon les termes d’un mandataire politique dans le film. Mais redécouvrir ce documentaire aujourd’hui, c’est également faire l’expérience d’une surprise qui nous égratigne nous aussi. Irrévérencieuse, contestataire, subversive, la télévision publique de 1967 fait la démonstration de toute sa liberté. Et on se surprend alors à rêver, cinquante ans plus tard, à une télévision critique, et vraiment drôle.

© Grignoux — Jérémy Hamers (ULiège)

Fiche PDF du film