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affiche du film Trois visages

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Trois visages

  • Titre original
    Se Rokh
  • Réalisé par
    Jafar Panahi
  • Interprété par
    Behnaz Jafari, Jafar Panahi
  • Distributeur
  • Langue
    persan
  • Pays d'origine
    Iran
  • Année
    2018
  • Durée
    1h40
  • Version
    Version originale sous-titrée en français
  • Date de sortie
    2018-08-08
  • Récompenses

    Prix du scénario, Cannes 2018

Jafar Panahi, cinéaste interdit de travail dans son propre pays, part à la recherche d’une jeune fille peut-être suicidée. Filmé avec une économie forcée mais remarquable de moyens, Trois visages est une œuvre virtuose qui multiplie les péripéties autour d’un village reculé d’Iran...

Le film s’ouvre sur une vidéo filmée par un téléphone portable : une jeune villageoise, qui rêve de devenir actrice mais qui va être mariée de force, crie son désespoir et se passe bientôt une corde autour du cou avant de basculer dans le vide, interrompant brutalement le tournage. Cette vidéo se retrouve sur le téléphone portable de Behnaz Jafari, une actrice de télévision très célèbre en Iran. Mais celle-ci s’interroge sur l’authenticité de ce geste suicidaire : est-il vrai ou résulte-t-il d’un habile montage ? Et comment cette vidéo a-t-elle été ensuite envoyée ?

Elle entreprend alors avec son ami, le réalisateur Jafar Panahi, un voyage difficile vers ce village reculé en région turkmène. Tout le film repose sur un jeu entre fiction et réalité : Jafar Panahi, célèbre cinéaste interdit de tournage et de sortie du territoire par le régime iranien, joue ici son propre rôle, comme le fait son actrice principale, et les moyens minimalistes du tournage relèvent du bricolage imposé par la situation contrainte du cinéaste. Quant à la vidéo, le doute ronge Behnaz Jafari qui a été accusée par la désespérée de ne pas avoir répondu à ses précédents messages. Le film semble alors lié au simple dispositif d’une caméra posée au bord de l’auto de Panahi (comme dans son film précédent Taxi Teheran), mais il va s’en libérer à plusieurs reprises pour élargir le cadre et saisir la vie et les paysages alentour. Par petites touches et avec beaucoup de pointes d’humour, Jafar Panahi décrit en effet une société paysanne extrêmement traditionnaliste qui refuse totalement de comprendre qu’une des leurs puisse rêver de devenir actrice, alors même que les villageois accueillent « Mme Jafari » comme une véritable star capable de résoudre tous leurs problèmes.

La barrière des langues – ils sont turkmènes, elle ne parle que le farsi – redouble alors, souvent de façon comique, les divisions de la société iranienne entre le monde rural et la capitale iranienne, mais aussi entre les mentalités traditionnelles de ces paysans et le monde de la télévision, qui s’impose malgré tout à eux et dont ils subissent le charme fascinant et magique. Jafar Panahi ne se contente pas de poser un regard à la fois lucide et attentionné sur ce village reculé et ses différents habitants, il construit une véritable intrigue – qu’on ne révèlera pas ici mais qui justifie grandement le Prix du scénario reçu à Cannes – autour de cette mystérieuse vidéo qui sert de révélateur à des personnages attachants, souvent hauts en couleur, terriblement crédibles et parfois invisibles !

©Les Grignoux - Michel Condé

Fiche PDF du film