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Documents complémentaires au dossier pédagogique
réalisé par le centre culturel Les Grignoux et consacré au film
Million Dollar Baby
de Clint Eastwood
USA, 2004, 2 h 12

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Les images ci-dessus sont destinées à illustrer les différents chapitres du dossier pédagogique consacré à Million Dollar Baby de Clint Eastwood, en particulier le chapitre 5 : "Une approche de la mise en scène" (pages 10 à 16 du dossier imprimé).

Quelques réflexions

Comme cinéaste (mais également comme acteur), Clint Eastwood construit pratiquement chaque séquence autour de la dimension psychologique de l'interaction entre les deux personnages principaux mais également des personnages secondaires: on se souvient par exemple du rôle décisif joué par Scrap (Morgan Freeman) qui donne les premiers conseils à Maggie, qui manœuvre également pour amener Frankie à s'occuper de la jeune femme, puis qui en viendra à trahir son ami lorsqu'il pensera que celui-ci risque de ne pas donner sa véritable chance à sa protégée (Scrap met alors en présence Maggie et le manager Mickey Mack). Bien entendu, son rôle est également celui d'un observateur qui commente en voix off les événements qui se passent sous nos yeux.

Pratiquement chaque séquence prend ainsi une valeur psychologique et se signale par une évolution plus ou moins marquée de l'un ou l'autre personnage sur ce plan: c'est très manifeste au début du film où l'on devine facilement que Frankie passe du mépris ou de l'indifférence à une curiosité un peu distante avant de marquer un véritable intérêt pour la volonté butée dont fait preuve la jeune femme. C'est donc ce «pas-à-pas» psychologique qui donne son intérêt aux différentes séquences notamment du début du film où l'action est relativement peu importante et peu spectaculaire.

Mais, à la façon du cinéma «classique» américain, cette évolution n'est jamais purement interne (comme un «mûrissement» intérieur) et résulte toujours des événements en cours et notamment de l'interaction (présente ou dans un passé proche) avec les autres personnages: ainsi l'on remarque facilement que Frankie ne commence véritablement à s'intéresser à Maggie que lorsque son «poulain» Willie le quitte et rejoint un autre manager.

Les liens entre les événements ne sont pourtant pas directs et surtout ne sont souvent pas explicités par les différents personnages: comme cinéaste, Clint Eastwood préfère généralement suggérer des sentiments, des émotions ou des motivations plutôt que de les faire exprimer directement ‹ et de façon plus ou moins appuyée ‹ par les personnages. Mais, pour cela, il recourt à de multiples moyens, à des indices de toute nature qui seront perçus par les spectateurs attentifs mais qui pourront également être négligés par d'autres moins sensibles à ces éléments que l'on peut interpréter de façon étroitement «réaliste»: ainsi quand Willie se rend le soir chez Frankie, cette venue doit être immédiatement perçue comme inhabituelle puisque jusque-là on n'a vu le boxeur que sur le ring ou à la salle, et qu'il porte à présent un costume élégant et très coloré. Le costume nous révèle ainsi qu'il entre dans une «nouvelle» vie, bien éloignée de l'austérité presque misérable qui caractérise l'univers de Frankie (une séquence précédente nous a montré que la voiture de l'entraîneur est tellement vieille qu'elle n'a plus de marche arrière).

Par ailleurs, quand les pensées et sentiments deviennent plus explicites (notamment dans la deuxième partie du film), le cinéaste recourt de la même façon à différents procédés pour suggérer une ambiance qui s'harmonise avec ces pensées et sentiments: ainsi, quand Maggie demande à Frankie de mettre fin à ses jours, la caméra se rapproche (selon un procédé très courant au cinéma) de Frankie dont la moitié du visage est mangée par l'ombreŠ Le gros plan sur le visage suggère bien sûr l'intensité de l'émotion qui submerge le personnage, tandis que l'ombre révèle la «noirceur» de ses pensées, sa division intérieure, le drame qui l'envahitŠ Un nouveau cadrage (après un plan sur Maggie) saisit alors le visage de Frank sur la gauche de l'image, comme si son regard venait buter sur le bord du cadre alors que derrière lui (ou plus exactement à sa droite) se creuse un espace envahi par l'obscurité. On comprend bien que ces procédés ne visent pas tellement à traduire une signification précise (la division du visage par l'ombre et la lumière qui refléterait la division de l'âmeŠ) mais plutôt à créer une ambiance, à souligner une émotion, à susciter une empathie générale du spectateur qui n'a sans doute pas besoin de mettre des mots précis sur ce qu'il ressent à ce moment-là.

Bien entendu, toutes les séquences du film forment un ensemble relativement cohérent du point de vue psychologique. Le thème essentiel du film, qui sera facilement perçu par les spectateurs avertis, est, pourrait-on dire, celui du prix de l'expérience: la différence d'âge entre Maggie et Frankie entraîne une différence d'expérience, une différence d'attitude face à la vie, une différence psychologique qui ne se réduira jamais, même lorsqu'ils sembleront tous deux sur le chemin de la réussite ou au contraire de la mort assuméeŠ Tout le film jouera donc sur cette différence, parfois très manifeste, parfois minime, et finalement irrémédiable, qui donne à l'ensemble de l'histoire une teinte fortement mélancolique (accentuée encore par la narration en voix off de Scrap): Frankie, qui accompagne Maggie dans la gloire comme vers la mort, reste définitivement seul, en retrait (sinon en retraite), avec ses souvenirs, ses regrets, sa culpabilité (à l'égard de Scrap, de Maggie, de sa fille, des échecs de sa propre vie)Š

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