Une analyse proposée par les Grignoux
et consacrée au film
Liberté
de Tony Gatlif
France, 2010, 1 h 51
L'analyse proposée ici s'adresse aux animateurs et aux éducateurs en éducation permanente qui verront le film Libertéde Tony Gatlif avec un large public. Elle propose une réflexion plus approfondie sur ce film et en particulier sur plusieurs éléments du contexte historique qui y sont évoqués.
À travers le destin d'une famille arrivant dans un village français en 1943, Liberté raconte l'histoire des Tsiganes en France pendant l'Occupation, victimes d'un internement arbitraire et, pour un certain nombre d'entre eux, de la déportation et de l'extermination. Comme chaque année, ce groupe de Tsiganes est venu dans la région pour faire les vendanges. Or le gouvernement de Vichy vient de décréter l'interdiction pour les «Bohémiens» de circuler librement. Contre leurs habitudes ancestrales, ceux-ci se voient donc contraints de se sédentariser sous peine d'être internés dans des camps.
Théodore, vétérinaire et maire du village, va alors tout faire pour éviter à ses hôtes le sort dramatique qui les attend, en leur cédant notamment sa propre maison pour une somme dérisoire. Mais malgré cette «régularisation», les membres de la famille ne cesseront d'être inquiétés, poursuivis et seront finalement arrêtés.
Plein de vitalité et de musique, le film de Tony Gatlif donne à voir de l'intérieur une communauté dont la persécution pendant la Seconde Guerre mondiale a été longtemps occultée. Loin du film de genre, Liberté délaisse la confrontation habituelle entre bourreaux et victimes pour une approche à la fois plus juste et plus complexe. On y découvre ainsi les Tsiganes à travers les liens qu'ils développent avec la population locale : l'institutrice, qui tente de négocier la scolarisation des enfants; Théodore, le maire du village, ou encore P'tit Claude, un enfant recueilli par le maire après la disparition de ses parents et qui va instinctivement s'attacher à cette famille, à son mode de vie et son univers culturel. Humanisme, résistance, tolérance et solidarité sont des valeurs magnifiées par le film de Tony Gatlif, qui fait ressortir avec d'autant plus de force la barbarie du racisme.
Le film de Tony Gatlif, Liberté, aborde une page sombre mais mal connue de l'histoire du 20e siècle, celle de la persécution des Tisiganes par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Il intéressera donc un large public à qui il révèlera des événements souvent ignorés ou déformés, tout en jetant un regard chaleureux sur une population marginalisée et victime de nombreux préjugés.
Après la projection, on demandera naturellement aux spectateurs, leurs premières réactions et impressions. Ce sera l'occasion de rappeler les scènes les plus marquantes et les plus significatives, ainsi que celles qui ont pu éventuellement intriguer ou interpeller les spectateurs.
L'on propose ainsi de passer en revue une série de séquences (voir l'encadré 1), d'éléments de détails du film pour nourrir la discussion mais aussi interroger leur signification et leur mise en scène.
Si ces réflexions peuvent se faire en groupe de manière informelle, l'animateur veillera cependant à mettre en évidence la part de fiction et de reconstitution dans ce film: la mention qui apparaît au début du film «Inspiré de faits réels» ne doit pas en effet faire illusion, car Liberté n'est pas un documentaire, mais bien une reconstitution et même, pour une part importante, une fiction — assumée comme telle — imaginée et écrite par son auteur, le cinéaste et scénariste Tony Gatlif.
Bien entendu, tout n'est pas fiction, ni encore moins mensonge, et les persécutions dont furent victimes les Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale sont des faits authentiques, attestés par les historiens (voir le dossier pédagogique imprimé). En revanche, les autres événements et les personnages mis en scène dans Liberté (comme Taloche et ses compagnons, P'tit Claude ou Théodore) sont nés — en partie — de l'imagination de Tony Gatlif, même s'ils ont une certaine vraisemblance. Sans information extérieure notamment sur les sources historiques utilisées par le réalisateur, il est évidemment impossible de faire le partage exact entre les faits authentiques, la reconstitution vraisemblable et les faits purement fictifs. Un peu de réflexion et une connaissance du processus de réalisation cinématographique permettent cependant de mieux percevoir ce partage entre histoire et fiction. La part de celle-ci est sans doute beaucoup plus grande que ce que n'imaginent certainement la plupart des spectateurs (jeunes ou moins jeunes).
Dans cette perspective, on attirera également l'attention des spectateurs sur le rôle de l'auteur du film, Tony Gatlif, scénariste et cinéaste. Loin de simplement mettre en scène des événements préexistants, il les organise, les sélectionne ou même les imagine en fonction d'une valeur symbolique ou d'une signification plus ou moins implicite qu'il souhaite leur donner.
Un exemplePour expliquer concrètement ce rôle de l'auteur du film, prenons un exemple relativement évident. Au début du film, une voiture allemande vient chercher Théodore pour un motif d'abord inconnu (on peut craindre une arrestation): il s'agit en fait de soigner un chien, un berger allemand qui semble malade ou indisposé. Cette scène presque anecdotique est rapidement oubliée, mais, à la fin du film, quand Théodore est cette fois arrêté avec l'institutrice et qu'il se retrouve attaché sur une chaise, il aperçoit par la porte ouverte un soldat allemand avec le même chien (qu'il appelle «Otto»…) qui entre dans la pièce où Mademoiselle Lundi est violemment interrogée. Très probablement, ces événements et ces circonstances précises ont été imaginées par Tony Gatlif. Un peu de réflexion suffit aussi à comprendre que le cinéaste a voulu à cet endroit traduire une signification implicite, plus ou moins définie, ou produire une impression plus ou moins forte sur le spectateur. En d'autres mots, on pourrait dire que ce retour du chien est cruellement ironique: l'animal que Théodore a soigné sans doute avec bienveillance sert à présent à garder sinon à effrayer ou torturer la femme qu'il aime. Les faits racontés, leur agencement, leur mise en scène ont donc été voulus par le cinéaste dont nous devons ainsi, en tant que spectateurs, reconstruire les intentions implicites. Il serait en tout cas naïf de croire que de tels événements sont la simple transcription de faits ou d'anecdotes historiques. |
L'animateur trouvera ci-dessous des commentaires qui lui permettront d'orienter la réflexion des participants, ou qu'il pourra directement leur soumettre (après les avoir par exemple répartis en petits groupes) en leur demandant d'y réagir. Comme on le verra, l'accent est notamment mis sur le rôle du cinéaste, sur les significations implicites des événements représentés, ainsi que sur la part de mise en scène.
Les fils barbelés résonnent comme des cordes de guitare ou de piano. L'image est à la fois très forte et dérangeante, et apparaît comme un avertissement au tout début du film.
Traditionnellement, la musique est associée aux Tsiganes, et elle est effectivement très présente dans le film: même le spectateurs les moins sensibles auront remarqué l'accompagnement musical souvent endiablé d'un grand nombre de séquences.
En revanche, cette musique d'ouverture (jouée, semble-t-il, sur un instrument à cordes frappées comme un cymbalum) est beaucoup plus lente et sonne donc de manière lugubre et sinistre.
Les Tsiganes mettent évidemment des couvertures et des sacs sur les roues de leur roulotte pour ne pas être entendus des soldats allemands. Sont-ils réellement menacés à ce moment-là par ces hommes?
C'est difficile à dire, même si aujourd'hui la présence de soldats allemands en uniforme «vert de gris» est immédiatement ressentie comme menaçante par les spectateurs. À l'époque, pour des Tsiganes sans doute peu informés de l'actualité politique, l'uniforme allemand ou nazi n'était peut-être pas plus menaçant que n'importe quel autre uniforme de soldat et surtout de gendarme…
À la réflexion, l'on peut en effet penser que la vue de n'importe quel uniforme aurait suscité le même genre de réactions. Un peu plus tard, Théodore leur expliquera que le nomadisme est interdit pour toute la durée de la guerre, ce à quoi ils répondront que «c'est votre guerre»! Autrement dit, les Tsiganes ne se sentent pas concernés par les événements en cours, et ils ne font pas de grandes distinctions entre les différents pays en guerre (contrairement notamment à Mademoiselle Lundi qui s'engage dans la Résistance). Et ce qu'ils craignent, c'est de manière générale les représentants de l'autorité, gendarmes, policiers ou soldats.
Leurs craintes sont d'ailleurs justifiées puisque ce sont des gendarmes français qui les arrêteront (la première fois) pour les emmener dans un camp d'internement.
Pierre Pentecôte semble devenu malveillant à l'égard des nomades alors que jusque-là, il les fréquentait sans hostilité. Mais, si l'on connaît un tout petit peu le contexte historique, l'on comprend facilement que ce changement d'humeur résulte surtout d'un changement du climat politique.
Après la défaite de la France en juin 40 et après avoir signé l'armistice avec l'Allemagne, le maréchal Pétain, qui dispose des pleins pouvoirs, devient chef de l'État dont il modifie profondément la nature. Pour la population française confrontée alors à de nombreux problèmes matériels, l'ampleur de ce changement de régime a sans doute été peu perçue. Cette «Révolution nationale», selon l'expression de l'époque, allait se caractériser notamment par le rejet du parlementarisme et du multipartisme, par la promotion du corporatisme en remplacement des syndicats ouvriers interdits et par une idéologie conservatrice sinon réactionnaire symbolisée par le slogan «Travail, Famille, Patrie». Ce régime autoritaire, sinon dictatorial, qui rompt avec la tradition républicaine française, s'appuie sur l'armée (ou ce qu'il en reste), l'Église et différentes élites ralliées à Vichy.
Pour beaucoup de Français hostiles au parlementarisme et partisans d'un régime autoritaire, ce sera l'occasion d'une revanche contre leurs ennemis d'hier, notamment les communistes, les syndicats, les Francs-Maçons, les étrangers, les Juifs… On peut supposer que Pierre Pentecôte, que l'on verra fréquenter les occupants allemands, est plus ou moins imprégné de la même idéologie raciste, hostile aux Juifs, aux «Métèques»… et aux «Bohémiens». Et il peut à présent manifester ce racisme qu'auparavant il cachait de manière plus ou moins hypocrite.
Les Tsiganes soignent le bras de Théodore en y appliquant d'abord un œuf puis une bouse de cheval (ou de vache). On aurait tendance aujourd'hui à rire de ce genre de remèdes et à leur préférer ceux de la médecine scientifique.
Il ne faut pas néanmoins mépriser ces remèdes traditionnels qui sont l'héritage de savoirs accumulés par des populations (nomades ou paysannes) obligées à cause de l'isolement de se débrouiller seules pour soigner leurs malades ou blessés. Si tous ces remèdes ne sont pas efficaces, il serait absurde de croire qu'aucun d'eux n'a de vertu thérapeutique, et des chercheurs scientifiques s'attachent aujourd'hui à recueillir ces savoirs anciens.
On remarquera encore que les soins prodigués par les Tsiganes s'accompagnent de rituels religieux comme les prières adressées à la jument malade qui finira par se relever. Dans toutes les sociétés traditionnelles, la «médecine» est liée à la magie et à la religion (au sens large du terme), les maladies étant par exemple souvent attribuées à des fautes commises par le malade ou au contraire à des mauvais sorts qui lui auraient été jetés. Ce n'est que dans les sociétés modernes que la médecine s'est séparée progressivement, comme discipline scientifique autonome, de la magie.
Le personnage de Taloche aura sans doute marqué beaucoup de spectateurs. On signalera immédiatement qu'il est interprété par un acteur professionnel, James Thiérrée qui, contrairement aux autres acteurs, n'est pas rom: il s'est d'ailleurs beaucoup investi dans ce film, refusant même d'être doublé par un cascadeur dans des scènes périlleuses comme celle de sa chute de l'arbre.
Mais quelle est cette espèce de folie qui semble habiter ce personnage? Il serait évidemment absurde de penser qu'il s'agit là d'un trait de personnalité ou d'une mentalité caractéristique des nomades tsiganes: en effet, les autres membres du groupe ne réagissent pas comme lui et ont des comportements beaucoup moins exubérants.
Mais ce personnage singulier, qui est sans aucun doute un personnage de fiction imaginé par le cinéaste (qui est également son propre scénariste), joue un rôle central dans ce drame dont le propos semble beaucoup plus général (puisqu'il traite de la persécution des Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale). Dans sa folie, on peut sans doute deviner une valeur beaucoup plus largement partagée ou une signification plus abstraite. Ainsi, quand Taloche se roule par terre, se jette dans la rivière, se couvre de feuilles et de mousse, il semble vouloir ne faire qu'un avec la nature qui l'entoure, il semble vouloir se fondre avec elle et disparaître en elle… Il semble ainsi animé d'un sentiment panthéiste où l'homme se confond avec le monde naturel, alors que la société moderne opère plutôt une nette distinction entre l'homme et la nature, entre la société humaine et le monde environnant, entre la culture et la nature.
Par ailleurs, on remarque à plusieurs reprises que Taloche est attiré vers les arbres, vers leurs sommets, rêvant même de s'envoler comme un oiseau… Rêve de liberté, rêve de légèreté, rêve d'envol se mélangent ainsi avec le sentiment panthéiste d'une fusion avec la nature, avec la forêt, avec les arbres…
Ainsi, on pourrait dire que sa folie est l'expression extrême du goût de la liberté des Tsiganes nomades.
Les signes sur cette montre sont ceux de l'écriture hébraïque. La scène ne peut cependant pas se comprendre si l'on n'a pas une connaissance minimale du contexte évoqué. Ce n'est évidemment pas un voyageur quelconque qui a perdu cette montre, mais très vraisemblablement un Juif déporté dans un train de marchandises avec des centaines d'autres Juifs destinés à la mort dans un des camps d'extermination en activité dans l'est de l'Europe. On peut même penser que cette montre a été volontairement jetée par cette personne comme un dernier signe adressé aux survivants.
Et cette extermination des Juifs, qui est déjà à l'œuvre à ce moment (à partir de l'été 42), va également bientôt concerner les nomades. La montre est donc à la fois un indice de l'extermination en cours mais aussi le signe d'une menace qui pèse désormais sur Taloche et ses compagnons
.Les nomades ont disparu de leur campement, et on les retrouve bientôt derrière des barbelés dans un endroit misérable qui a toutes les apparences d'un camp de concentration allemand mais qui est gardé par des gendarmes français: la caméra qui nous en montrera plus tard l'entrée de grande taille soulignera d'ailleurs la présence au sommet du sigle de la République française.
C'est sans doute une surprise pour beaucoup de spectateurs de découvrir ainsi qu'il a existé ce genre de camps sur le territoire français. Leur mise en place et l'arrestation des Tsiganes nomades ont en fait été ordonnées par les autorités d'occupation allemandes, mais le gouvernement de Vichy n'a formulé aucune objection à cette exigence. Ce sont donc des gendarmes (ou des gardiens) français qui assureront la surveillance de ces camps.
On remarquera que cet internement, même arbitraire, aurait pu se dérouler dans de meilleures conditions. Les baraquements sont surpeuplés, la nourriture visiblement insuffisante, les conditions d'hygiène déplorables… Et on a même prévu un cachot pour les récalcitrants comme Taloche alors qu'il s'agit pourtant de personnes présupposées innocentes.
L'attitude générale des gendarmes révèle d'ailleurs qu'ils sont plus soucieux d'obéir aux ordres (leur chef retarde la libération du groupe demandée par Théodore) que de s'assurer des conditions de vie des personnes internées.
Nomades, les Tsiganes ont une attitude de rejet par rapport aux maisons fermées des sédentaires, ce qui se traduit notamment par une série de superstitions et de rites de purification comme celui que pratiquent les hommes du groupe en frottant de l'ail sur les portes.
On remarquera que de tels rites et de telles superstitions ne sont pas propres aux Tsiganes et que ces pratiques (sous des formes éventuellement différentes) ont perduré dans les campagnes européennes jusqu'à la fin du 19e siècle et même au-delà. Le cinéma a d'ailleurs largement popularisé le rôle supposé protecteur de l'ail contre les mauvais esprits et les vampires en particulier!
On se souviendra également de la crainte que les membres du groupe manifestent à l'égard des rats dans la cave qu'ils assimilent à des fantômes. De manière générale, les Tsiganes opèrent une importante distinction entre les lieux purs comme l'intérieur de leurs caravanes et des lieux impurs, menaçants, souillés, dangereux comme ceux où vivent les gadgé (les non-Tsiganes). Bien entendu, ces croyances et ces rituels se sont transformés avec le temps.
Un paysan vient demander aux Tsiganes de jouer de la musique pour ses poules malades. Il y a une petite ambiguïté car d'autres villageois semblent en profiter pour ériger une barrière autour du lieu de résidence des nomades: cette demande était-elle une ruse? Sans doute pas.
Les croyances superstitieuses n'étaient pas propres aux Tsiganes et étaient largement répandues dans les campagnes, notamment lorsqu'il s'agissait de faire face à des calamités comme la maladie, la sécheresse, les invasions d'insectes destructeurs de récoltes… Dans le malheur, sans remède connu, tout le monde est prêt à croire à n'importe quelle solution plus ou moins magique, et les paysans s'adressaient alors facilement à des sorciers, des rebouteux et autres guérisseurs. Pourquoi dès lors ne pas jouer de la musique pour des poules malades? Aujourd'hui encore, certains prétendent que la musique favorise la pousse des plantes d'appartement!
On voit cependant à la réaction de l'aîné des Tsiganes qu'il semble prendre cette demande à la légère, presque à la rigolade: lui-même n'y croit peut-être pas et profite simplement de la crédulité du paysan. Il est vrai que les croyances superstitieuses des autres nous paraissent facilement absurdes alors que les nôtres nous semblent en revanche beaucoup plus solides!
Par ailleurs, la réaction hostile des villageois mérite sans doute qu'on s'y attarde, car elle paraît proprement absurde puisqu'ils semblent vouloir s'emparer d'une terre qui appartient (ou appartenait) à Théodore. Si le rejet à l'égard des Tsiganes est manifeste et se traduit de multiples façons moins spectaculaires (on les voit s'enfermer chez eux), on peut également deviner ici une vision en partie collective et exclusive de la propriété villageoise: les paysans possèdent évidemment tous leurs propres terres (sauf s'ils les louent), mais ils considèrent aussi que l'ensemble des terres doit revenir aux paysans du village, et ils admettent difficilement que quelqu'un d'extérieur à la communauté villageoise (par exemple des citadins) puisse acheter des terres de cette communauté. Alors… quand «en plus ce sont des Tsiganes!» le sentiment d'appartenance paysanne se transforme en rejet et en racisme.
Deux éléments au moins sont marquants dans cet épisode final. Le premier est le sort de P'tit Claude qui va être embarqué avec les nomades bien qu'il ne soit pas tsigane… Mais être tsigane n'est pas une faute ni un délit: tous sont aussi innocents les uns que les autres. Ainsi, c'est l'arbitraire de cette violence, qui s'en prend à tout un groupe, qui est encore une fois souligné.
Par ailleurs, la fuite de Taloche en haut d'un arbre peut sembler absurde. Mais ce personnage plus épris de liberté que tout autre se rêve semblable aux oiseaux: sa fuite désespérée dans l'arbre, aussi folle soit-elle, a ainsi une valeur symbolique, celle d'un arrachement au monde terrien des contraintes et de la répression. Sa chute, quand il est abattu par le soldat allemand, n'est donc pas seulement physique, c'est également celle d'un rêve brisé.
Un dossier pédagogique complémentaire à l'analyse proposée ici est présenté à la page suivante.
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