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Les mollahs à la triste figure voudraient sans doute nous faire oublier à quel point l’Iran est un grand pays de libres-penseurs, d’artistes aussi audacieux que talentueux dont fait incontestablemen partie le réalisateur Mohammad Rasoulof.
Ce thriller tendu, de haute tenue, est une œuvre éminemment politique, une analyse terriblement lucide et décapante des dessous d’une société où il n’existe guère d’autre alternative que d’être oppresseur ou opprimé, corrupteur ou corrompu.
Reza, l’homme intègre du titre, est à la tête d’un petit élevage de poissons rouges – lesquels font partie intégrante de la tradition de Norouz, le nouvel an iranien. Il a quitté Téhéran pour s’installer à la campagne et il compte sur son élevage pour se construire un avenir. Sous l’apparence paisible de la jolie bicoque familiale perdue entre deux étendues d’eau, se trame un drame. Tous, à l’image de la nature endormie, semblent attendre un renouveau qui tarde à venir.
Son regard ténébreux, son allure obstinée, chaque geste de Reza témoignent qu’il bout intérieurement, habité par une juste colère. Il fait partie de ces êtres qui ne plient pas, qui ne cèdent à aucune compromission. Même pour obtenir un report d’échéance pourtant salvateur, il ne peut se résoudre à verser un pot-de-vin à son banquier, selon une pratique communément admise. Reza a le panache qui sied aux vrais héros, aux justes… Mais à quoi cela sert-il dans un pays où règne la loi du plus fort et la corruption à tous les étages ?
Aussi admirable soient-elles, les convictions de Reza ne suffisent plus. Se débattre dans un milieu hostile nécessite plus que de la vaillance et de la grandeur d’âme et ses efforts acharnés, son travail opiniâtre, risquent bien d’être anéantis par les magouilles scélérates d’une compagnie de distribution d’eau prête à tout pour l’exproprier…