Prix d'interprétation féminine du Festival de Venise 2017 pour Charlotte Rampling
Charlotte Rampling est l’héroïne mutique, presque impénétrable, de ce film italo-belge, tourné à Bruxelles, et pour lequel elle a reçu le prix d’interprétation au festival de Venise 2017
Hannah d’Andrea Pallaoro fait partie de ces films qui créent immédiatement de la stupéfaction. Charlotte Rampling est littéralement l’âme d’Hannah, une femme seule et vieillissante, qui, pourtant, tâche de conserver un semblant de vie sociale, d’animer comme elle peut son morne quotidien. Hannah fait du théâtre, de la natation, le ménage chez une famille riche de la banlieue bruxelloise où elle s’occupe également de leur petit garçon aveugle.
Son visage est tel un double miroir, celui d’Hannah mais aussi celui de l’actrice, Charlotte Rampling, indivisibles. Ses traits marquent une volonté de fer : il s’agit de ne pas flancher malgré les coups de la vie, de ne pas se résigner à un quotidien éminemment dépressif. L’intrigue du film est entièrement vouée à cette auscultation minutieuse, lente, froide, douloureuse.
Le mari d’Hannah (André Wilms), que l’on découvre au détour d’une permission ou d’un parloir, est emprisonné pour une cause assez floue. Fidèle, Hannah lui rend régulièrement visite, mais quelque chose dysfonctionne clairement, une tension est palpable, quelque chose d’abject semble planer autour de cet homme qui prétend pourtant n’avoir rien à faire là.
Il n’a laissé qu’un vieux chien malade qui se laisse mourir de faim et dont Hannah s’occupe avec courage, abnégation. Le courage qu’il faut à une femme de son âge, délaissée, dont le mari est en prison, et qui a décidé de continuer à vivre… Ces seules scènes procurent au spectateur une compassion très vive, violente, indomptable, qui ne se dément jamais.