Le réalisateur Claude Autant-Lara met en scène Bourvil et Gabin, dans une histoire d’une réjouissante noirceur, inspirée d’une nouvelle de Marcel Aymé.
D’une œuvre littéraire assez pessimiste, le metteur en scène tire un film magnifique, mais sans complaisance pour l’espèce l’humaine. Sur le ton de la comédie grinçante, il nous entraîne, pendant l’Occupation, aux côtés de deux trafiquants de jambon trimbalant dans Paris quatre valises contenant un cochon découpé, véritable trésor à l’époque. Le premier (Bourvil) est un chauffeur de taxi, devenu chômeur depuis la pénurie d’essence, débrouillard, mais pas courageux pour un sou. Le second (Gabin) est solide, sûr de lui, mais pas vraiment franc du collier.
Si Gabin prouve une fois de plus l’étendue de son talent dans cette interprétation ambiguë et pleine de relief, Bourvil trouve pour sa part son premier grand rôle sérieux avec cette prestation de trafiquant timoré essayant de jouer les caïds.