Le plasticien Ai Weiwei signe une œuvre colossale sur l’ampleur des migrations contemporaines et la tragédie que vivent chaque jour les personnes déplacées.
Tourné sur une année dans vingt-trois pays, le documentaire s’attache à plusieurs trajectoires d’hommes et de femmes en souffrance partout dans le monde – de l’Afghanistan au Bangladesh, de la France à la Grèce, de l’Allemagne à l’Irak, d’Israël à l’Italie, du Kenya au Mexique en passant par la Turquie. Human Flow recueille les témoignages de ces migrants qui racontent leur quête désespérée de justice et de sécurité.
Une nouvelle forme d’humanité que le film a le mérite de rendre ultrasensible. Une humanité déplacée, précaire, privée d’intimité, sevrée d’espérance, humiliée, vivant d’expédients et de rebuts aux portes des démocraties, dans des camps de fortune.
Une humanité de papiers et de cartons, de toiles ravaudées et de vieux plastiques, une humanité en un mot devenue elle-même flux, saignée. La recrudescence des guerres, l’expansion des iniquités sociales, l’accélération des mutations climatiques ne permettront plus, demain, que ce flux soit endigué.
À ce titre, Human Flow tire une sonnette d’alarme que nous ne pouvons plus ignorer, nous rappelant sans relâche qu’une injustice criante, qu’un terrible dénuement, qu’une rage sourde frappe à nos portes, et nous interpelle sur l’une des questions essentielles de notre époque : la société mondialisée parviendra-t-elle à s’extraire de la peur, de l’isolement et du repli sur soi ? Saura-t-elle se tourner vers l’ouverture aux autres, la liberté et le respect des droits de l’homme ?