ségrégation
racisme
États-Unis
Martin Luther King
Malcolm X
Medgar Evers
Afro-Américains Afroaméricains
Noirs américains
Le mot ségrégation a un sens précis que beaucoup aujourd’hui ont oublié ou tout simplement ne connaissent pas : aux États-Unis, entre l’abolition de l’esclavage en 1862 et le milieu des années 1960 a régné dans un grand nombre d’États du Sud une séparation stricte entre les Blancs et les Noirs. Des photos célèbres ont montré sur le vif des fontaines d’eau réservées aux Blancs et d’autres aux Noirs, mais cette ségrégation s’appliquait à tous les aspects de la vie sociale, les transports en commun, l’école, l’université, le simple droit de vote refusé dans les faits aux Noirs et l’interdiction des mariages mixtes… Bien entendu, ce système était profondément inégalitaire, toujours en défaveur des Noirs, et fondamentalement raciste dans des États où le lynchage était une pratique fréquente et redoutée. Et si ce système légal a été aboli, il marque encore profondément la société américaine.
Dans ce documentaire remarquable, intitulé significativement I Am Not Your Negro, Raoul Peck, réalisateur d’origine haïtienne, retrace, à travers notamment des archives rarement vues le combat des Noirs américains et de ses grands leaders, Martin Luther King, bien sûr, Malcolm X, Medgar Evers, tous les trois assassinés, mais également de milliers d’autres militants pour les droits civiques. À travers cette évocation historique inspirée d’un texte inédit du grand écrivain afro-américain, James Baldwin, le film dénonce la «fabrication du nègre», un système discriminatoire qui perdure encore aujourd’hui sous des formes renouvelées.
Le dossier pédagogique consacré à I Am Not Your Negro souhaite revenir — avec des spectateurs jeunes ou moins jeunes qui ne connaissent sans doute que partiellement le contexte historique du film — sur les événements, les personnages, le système politique évoqués dans ce documentaire. On interrogera également l’actualité de ce film dont certaines images sont tirées d’une actualité récente et dramatique. Enfin, on s’interrogera sur les intentions de James Baldwin, l’auteur du texte récité en voix off, ainsi que sur celles du réalisateur, Raoul Peck, qui a choisi de lui redonner la parole trente ans après sa mort.