Medias
Journal & grilles Appli mobile Newsletters Galeries photos
Medias
Journal des Grignoux en PDF + archives Chargez notre appli mobile S’inscrire à nos newsletters Nos galeries photos
Fermer la page

Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
Ça commence aujourd'hui
de Bertrand Tavernier
France, 1999, 1h57

Ce dossier s'adresse aux enseignants du secondaire qui verront le film avec leurs élèves (entre treize et dix-huit ans environ). Il propose plusieurs animations à réaliser en classe pour aborder les principaux thèmes du film.

Les thèmes du film

Ça commence aujourd'hui présente des thèmes très visibles comme la pauvreté, le chômage, l'exclusion sociale, la précarité, les effets de la désindustrialisationD'autres en revanche sont moins apparents comme le rapport (ou l'absence de rapport) entre les générations, les problèmes de la transmission, la difficulté à construire un avenir Tous ces thèmes et la manière de les traiter vont sans doute, par leur force, par leur actualité, susciter de vives réactions, parfois contradictoires.

Il nous paraît donc intéressant de laisser s'exprimer les jeunes spectateurs à propos de ces différents thèmes: en tant que citoyen, chacun a sans doute un avis, une opinion sur ces questions, et la classe doit pouvoir être au moins en certaines circonstances un lieu de libre parole à propos de questions sociales, politiques (au sens large) et humaines aussi importantes que celles-là. Plus concrètement, de nombreux élèves auront sans doute envie de faire part de leurs réactions, de leurs émotions par rapport au film mais aussi peut-être d'apporter des témoignages ou des expériences personnelles sur le sujet.

Mais l'école est également un lieu d'éducation, et elle doit certainement apprendre aux élèves à exprimer leur opinion, à l'argumenter, à la nuancer et à écouter celle d'autrui dans un débat véritablement démocratique. Le débat peut d'ailleurs mener à d'autres activités comme des recherches sur un thème dont on s'aperçoit finalement qu'on ne le connaît qu'imparfaitement, ou être l'occasion de demander des opinions extérieures, par exemple à des intervenants capables d'apporter de nouveaux témoignages ou d'autres points de vue sur les questions abordées: à propos de Ça commence aujourd'hui, on pensera par exemple à des assistants sociaux dont le rôle est souvent mal connu, ou à des psychologues ou des médecins scolaires dont l'action mérite sans doute d'être exposée aux jeunes élèves, ou encore à des militants associatifs (comme ATD-Quart-Monde) qui ont une expérience beaucoup plus large des situations mises en scène dans le film de Tavernier.

Objectif

  • Confronter représentation filmique et réalité(s)

Méthode

  • Recherche et discussion à mener en groupes

Déroulement

Trois grands thèmes nous paraissent pouvoir susciter immédiatement l'intérêt des élèves: la grande pauvreté aujourd'hui, le rapport entre les générations notamment ouvrières et enfin le rôle de l'enseignement dans notre société. Les participants pourraient alors se répartir en trois groupes de discussion en fonction de l'intérêt qu'ils manifestent pour l'un ou l'autre de ces thèmes. Ces thèmes ne sont évidemment pas totalement indépendants l'un de l'autre, et il y aura forcément certains recoupements entre les sujets traités par les différents groupes.

Bien entendu, il ne s'agit que de propositions, et les jeunes spectateurs souhaiteront peut-être aborder d'autres thèmes du film (par exemple le rôle de l'écriture et de la poésie pour Daniel Lefebvre, le directeur de l'école), mais la manière de mener la discussion restera fondamentalement la même.

Il faudra d'abord se souvenir des scènes marquantes du film (liées bien sûr au thème choisi)en précisant notamment quelles ont été les émotions ressenties (révolte, pitié, dégoût, tristesse ). On essaiera ensuite de relever de manière plus systématique toutes les séquences qui traitent plus ou moins directement du même sujet en élargissant petit à petit le thème abordé: si l'on se souvient par exemple fort bien du suicide de madame Henry, on constate cependant que le film évoque à de nombreuses reprises des situations de pauvreté, souvent directement mais aussi indirectement; ainsi lorsque le maire refuse que les enfants qui n'ont pas payé puissent se rendre à la cantine; la pauvreté, loin d'être un fait isolé, est liée et se relie de diverses manières à l'attitude des autorités municipales mais aussi, on le voit rapidement, à la situation des écoles et à l'ensemble de l'environnement social.

Toutes ces relations peuvent faire l'objet d'une représentation graphique dont pourrait être chargé un «secrétaire»: on commencera par inscrire au centre du graphique la scène qui aura été retenue comme la plus marquante, puis on essaiera d'y relier d'autres séquences en précisant, autant que faire se peut, les relations «logiques» qu'on peut établir entre ces différents éléments. Il est clairement indiqué par exemple dans le film que le suicide de madame Henry est une conséquence, directe ou indirecte, des difficultés financières où elle se débat. Les institutions sociales n'y sont pas désignées en revanche comme responsables de cette pauvreté mais apparaissent comme incapables d'y apporter une solution adéquate. Enfin, si le rôle de l'alcoolisme est bien évoqué, il est plutôt montré comme une conséquence de la misère plutôt que comme une cause déterminante du suicide de madame Henry. Beaucoup de scènes soulignent par ailleurs les effets de la pauvreté et du chômage sur le moral des gens, leur santé, leurs comportements quotidiens comme ce couple qui, faute de trouver du travail, n'a même plus le courage de mettre le réveil pour se lever le matin et conduire leur enfant à l'école.

Cette représentation graphique bien qu'on puisse lui préférer une discussion informelle doit permettre de mettre en évidence, aussi clairement que possible, la manière dont le film de Tavernier pose le problème de la pauvreté, décrit le rôle de l'école ou analyse les rapports entre les générations anciennes et leurs enfants ou petits-enfants. Il est clair en effet que le cinéaste a, sur ces différentes questions, un point de vue particulier qu'il est important d'expliciter pour que chacun notamment puisse en retour se forger, comme on dit, sa propre opinion. On peut par exemple se demander si l'attitude du personnage principal, Daniel Lefebvre, est réellement représentative du monde enseignant, ou s'il n'est pas plutôt l'exception dans une institution scolaire relativement indifférente au sort de ses élèves les plus défavorisés. Ainsi aussi, la pédagogie de l'instituteur peut être discutée: ses méthodes sont-elles partagées par de nombreux enseignants ou bien sont-elles plutôt minoritaires? sont-elles jugées efficaces ou plutôt «farfelues» par des élèves plus âgés? l'école maternelle a-t-elle un rôle aussi important que le prétend l'instituteur ou n'est-ce qu'une étape parmi d'autres? et que faut-il penser de l'intervention de l'inspecteur?

Lorsqu'on aura dégagé ce qu'on peut appeler le point de vue du réalisateur, l'on pourra prolonger la réflexion par une recherche plus approfondie sur le thème choisi par chacun des groupes: lors de cette troisième étape, les participants seront naturellement amenés à comparer la représentation filmique et la réalité notamment celle qui est proche d'eux telle qu'ils peuvent l'appréhender d'abord intuitivement puis de manière plus approfondie. Chacun en effet aura sans doute son avis sur les différents thèmes abordés par Tavernier: à travers le personnage de Daniel, les élèves pourraient ainsi s'exprimer sur ce qu'ils estiment être un bon enseignant, puis témoigner de leur propre expérience en la matière. De la même manière, ils s'interrogeront sur la notion de transmission entre générations en relation ici aussi avec leur expérience: ont-ils l'impression d'avoir appris quelque chose d'important de leurs parents, d'appartenir au même monde qu'eux ou au contraire à un monde différent, de partager avec eux des valeurs, une vision du monde, des souvenirs communs?

Enfin, pour ne pas se limiter à des appréciations subjectives, il sera sans aucun doute intéressant de mener une enquête plus approfondie sur ces différents thèmes ou sur certains de leurs aspects préalablement redéfinis et circonscrits: il est clair par exemple qu'en matière d'exclusion sociale, les impressions ne suffisent pas et qu'il faut essayer de mesurer de manière plus objective l'ampleur de cette sombre réalité, que ce soit au niveau de sa région, de son pays, du continent ou même du monde entier. Semblablement, des élèves pourraient mener une enquête sur les différentes pédagogies actuellement pratiquées: alors qu'individuellement, ils n'ont sans doute été confrontés qu'à un style d'enseignement, ce pourra être l'occasion de découvrir qu'il existe d'autres approches en matière éducative.

C'est à ce stade qu'on pourra éventuellement faire appel à des intervenants ou à des témoins extérieurs susceptibles d'apporter des informations nouvelles ou des expériences originales sur le thème choisi.

Enfin, pour faciliter le travail des groupes, notamment si l'on redoute que le manque de directives précises conduise à des discussions inefficaces, nous proposerons ci-dessous [ces propositions ne sont pas reproduites sur cette page WEB] des pistes de réflexion autour de documents liés au film ainsi que des axes de recherche explicites. [...]


Tous les dossiers - Choisir un autre dossier