Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
La Voleuse de livres
de Brian Percival
Etats-Unis/ Allemagne, 2014, 2h11
Ce dossier pédagogique s'adresse aux enseignants et animateurs qui souhaitent aborder le film La Voleuse de livres avec un large public d'adultes ou d'adolescents (entre onze et quatorze ans environ). Il propose plusieurs pistes d'animation autour de la dimension historique du film mais également de la question du totalitarisme et de la place des arts dans la vie de chacun.
Une préparation à la visionLe film La Voleuse de livres a évidemment une dimension historique, puisque l'essentiel du récit se déroule peu avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pour faciliter le travail de remémoration qui sera nécessaire dans les différentes animations destinées à exploiter la vision du film, invitons les participants à être attentifs à différents éléments du film. Voici quelques consignes qui seront réparties entre les spectateurs.
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Du régime nazi, on connaît bien évidemment la catastrophe qu'il a provoquée: la Deuxième Guerre mondiale, qui a causé des millions de morts et la destruction des Juifs d'Europe. Il s'agissait bien entendu d'un régime totalitaire, que le film La Voleuse de livres décrit avec pertinence. C'est à cette description que nous voudrions nous attacher maintenant.
Invitons les participants qui avaient la troisième consigne à faire part de leurs observations à l'ensemble du groupe.
Voici certains des éléments qui auront pu être observés:
Pendant la Nuit de Cristal, des hommes en uniforme aux couleurs nazies brisent des vitrines, traînent des personnes hors de chez elles et les battent. On peut apercevoir que les enseignes des magasins visés portent des noms à consonance juive, comme par exemple «Jacob Rosenberg».
Ce discours est suivi de la destruction par le feu d'un grand nombre de livres. Les spectateurs participent à cet autodafé en jetant eux-mêmes des ouvrages dans le brasier. Invitons maintenant les participants à interpréter les éléments qui auront été relevés.
Le groupe pourra éventuellement être organisé en sous-groupes pour répondre à ces questions et dégager quelques grandes caractéristiques. Le travail d'interprétation sera ensuite mis en commun.
Si ce travail est trop difficile ou peu motivant notamment pour les participants les plus jeunes, on pourra également leur proposer de rechercher la définition du mot «totalitarisme» et de la comparer aux éléments relevés dans le film (par exemple sur le site Wikipedia. ou de l'Encyclopédie Larousse).
Le film montre bien que le parti nazi est un parti unique: on parle du parti, ce qui signifie qu'il n'y en a pas d'autres. La présence des bannières à l'école, au stade, aux fenêtres des maisons pour l'anniversaire du Führer, indique à la fois le culte de la personnalité du chef et l'omniprésence du parti.
Les ennemis du régime sont clairement désignés: il s'agit des Juifs et des communistes. (En réalité, les nazis ont aussi poursuivi, déporté et assassiné les homosexuels et les tziganes, qui étaient plutôt considérés comme des êtres inférieurs que comme des ennemis.) Ceux-là sont arrêtés, violentés, déportés, assassinés: le film le montre également, notamment lors de la Nuit de Cristal; lors de l'arrestation du commerçant juif dont Hans prend la défense; lors du départ d'un grand nombre de Juifs rassemblés dans la ville et emmenés par les nazis.
Les idéologies ennemies sont également attaquées puisque, lors de l'autodafé, il s'agit de détruire la culture, les pensées et les opinions qui ne correspondent pas à l'idéologie nazie. Ainsi, les Allemands ne sont plus libres de lire ce qu'ils veulent.
Cette confiscation de la culture s'applique également au sport: les meilleurs athlètes sont réquisitionnés, comme Rudi, pour servir l'idéal nazi. Même l'économie est dominée par le parti puisque les Allemands qui n'adhèrent pas au parti se trouvent, comme Hans, petit à petit sans travail. Enfin, la propagande est assurée, on le voit dans le film, par des affiches, qui nourrissent la méfiance des uns vis-à-vis des autres. L'attitude de Rosa, qui est tentée de dénoncer Max correspond également au climat de suspicion et de délation: elle craint que ses voisins ne se rendent compte de la présence d'un Juif dans leur maison, ce qui leur vaudrait, à elle et à son mari, d'être arrêtés et peut-être déportés ou assassinés.
