La réalisatrice de Nowhere boy, biopic sur John Lennon sorti en 2010, adapte les mémoires controversés de l’écrivain James Frey, et signe un film coup-de-poing sur les addictions aux drogues
Best-seller à sa sortie pour la puissance de sa narration qui nous conte la descente aux enfers d’un toxicomane, ce roman prétendument autobiographique – publié sous le titre français Mille morceaux – fit surtout parler de lui lorsqu’on découvrit que ce récit choc n’était en fait qu’un tissu de mensonges… Mais peu importe ici la véracité originale du propos, puisque remodelée pour le grand écran, l’histoire se détache de la polémique et redevient ce qu’elle est au fond : un superbe témoignage de rédemption. La séquence d’ouverture nous installe directement dans l’ambiance. La caméra se faufile dans les couloirs d’une soirée festive. Au milieu d’une des pièces, alors qu’autour de lui on festoie calmement, un garçon torse nu, visiblement défoncé, se déchaîne sur la piste de danse. Les personnes qui l’entourent n’existent plus, d’autres substances l’ont manifestement isolé des échanges sociaux de circonstances…
Cette nuit d’ivresse, une de plus, lui sera fatale et, après un ultime black-out, James reprendra conscience sur le siège d’un avion en plein vol. On le renvoie chez lui, dans le Minnesota, avec pour seuls effets ses vêtements souillés de la veille. À l’arrivée, son frère – interprété par Charlie Hunnam – l’emmène tout droit dans un centre de désintoxication. Le type de résidence stricte, qui fonctionne selon ses propres règles, y compris celle d’empêcher filles et garçons de se côtoyer, et où James est supposé suivre un programme en douze étapes, qui lui permettrait de faire disparaître ses addictions. Comme on peut s’y attendre, le sevrage sera rude, violent, semé d’intenses moments de désespoir. Heureusement, les rencontres avec les autres résidents seront salutaires. Dans cet espace où chacun entre avec ses failles, les premiers contacts sont souvent vifs et turbulents, mais, petit à petit, les résidents apprennent à se connaître et à s’entraider…
Sur cet aspect, le film décrit très justement et avec beaucoup d’émotion le soutien indéfectible que peuvent parfois s’apporter ces personnes cabossées, et auxquelles chaque acteur (comme Billy Bob Thornton ou Juliette Lewis qu’on est heureux de revoir au cinéma) amène sa portion d’humanité.
Les Grignoux