Tourné avec peu de moyens, le premier long métrage de Chantal Akerman, qui tient aussi le rôle principal, est un geste de cinéma pur, plein d’audace et terriblement sensuel
Une jeune femme erre seule dans une chambre, déplace ses meubles, écrit des lettres, sort, fait des rencontres et va apprendre à se connaître. Jeune, fauché, sauvage… Je, tu, il, elle n’en adopte pas moins une réalisation extrêmement travaillée. Pour la cinéaste, la mise en scène s’apparente à un jeu dans lequel se télescopent images, sons et processus narratif. Dans sa forme, le film est en accord avec ses personnages douloureux et déchirés. D’autant que Chantal Akerman a choisi, pour chaque partie du film, un style différent. L’hyperréalisme de la mise en scène témoigne du temps qui passe, de la solitude, des tressaillements de l’existence.
Selon Albert Cervoni de L’Humanité, « la réalisatrice a trouvé une magnifique et très solitaire écriture pour la description de son désarroi. Elle a été fascinée par l’exemple de certains films américains qui étirent le concret, la matière concrète du vécu jusqu’à les rendre presque abstraits d’apparence. Elle en a gardé le goût des surfaces planes des plans-séquences, des espaces dépouillés, des mots et des bruits à peine écoutés, à peine entendus, le goût de la vie qui est lente et de l’espérance qui est violente ».
D’après DAVID DUEZ, Revue de presse de Je, tu, il, elle, Cinematheque.fr