Une chouette comédie sociale qui mise sur l’entraide « des précaires » pour créer une utopie, celle de la réaffectation d’une mine en parc d’attractions
Nord de la France. Une ville post-industrielle, au haut taux de chômage. Arnault, comme bien d’autres dans la région, a accumulé les galères : sa femme l’a quitté, ses enfants le snobent et, sans emploi, il participe à une formation pour être engagé à l’arrivée d’un géant de la vente en ligne. Qui plus est, il s’occupe de sa mère qui commence à perdre franchement la boule. La formation confine à la crétinerie : apprendre des abréviations vers des catégories d’objets, être efficace dans ses déplacements, bien scanner le produit… Tous y participent de bonne volonté, jusqu’au jour où elle est annulée. L’innommable entreprise a choisi de s’implanter ailleurs.
À côté de ça, Arnault voit ses deux ados un week-end sur deux, mais a toutes les peines du monde à les faire décoller du canapé où ils végètent, le nez sur leur smartphone. Ils semblent plutôt ennuyés de voir leur père, et bientôt lui assènent le coup de grâce : leur beau-père, un avocat aisé, se propose de les adopter. Une manière de s’engager dans leur avenir, leur éducation, et de leur assurer un héritage. Les deux garçons n’y voient pas d’inconvénients. La mine, autrefois grande fierté de la région, est désaffectée depuis belle lurette. Il y a cependant encore quelques piquets devant, pour éviter qu’elle ne soit vendue au privé. La maire compte bien sur cette manne d’argent pour divers programmes communaux, et ces emmerdeurs qui campent devant le terrain ne sont pour elle, grosso modo, que des faignants qui ne savent pas se prendre en main. Houspillée de toute part, acculée par un avenir sans perspectives, la petite bande, à laquelle se mêle Arnault, se sent bientôt au bord du gouffre. Et puis germe une idée plutôt alambiquée, impossible sans doute : faire de la mine une attraction foraine. Peu importe alors les quolibets, les moues de dédain, le ridicule dont d’aucuns les affublent. Rien qu’avoir cette idée, se démener pour la mettre en place, rien que reprendre possession de leur vie, se donner un but concret, va les transformer. L’important, c’est de s’unir et de reprendre confiance en la capacité collective à faire bouger les choses !
Les Grignoux