Dans la lignée des films qu’il a réalisés sur l’environnement – en recourant à une approche esthétisante des paysages pour porter un propos politique –, Yann Arthus-Bertrand, accompagné par la coréalisatrice Anastasia Mikova, nous présente des portraits de femmes du monde entier, beaux et intenses
Le dispositif est sobre, des femmes vont se livrer à nous durant un instant, face caméra. On pourrait redouter l’ennui, mais il n’en est rien, car ces portraits sont magnifiques, et nous sommes captivés par les témoignages de ces femmes, leurs gestuelles et leurs présences. Venues des quatre coins du monde et de tous âges, elles nous parlent de leurs peurs, leurs envies, leurs désirs, leurs combats, leurs blessures, leurs craintes, leurs rêves, leurs espoirs… Elles sont splendides, non pas parce qu’elles correspondent aux critères de beauté de nos sociétés sexistes, mais parce qu’elles sont fortes, franches et touchantes.
Il fallait, pour tenir la structure du film, trouver une « valeur universelle » commune à ces femmes du monde entier, et celle que les réalisateur·rice·s exposent ici est celle de l’épanouissement dans la maternité et la famille… Même s’il est indéniable que les femmes occupent ce rôle et en assument les responsabilités dans beaucoup de sociétés, peut-on vraiment présumer qu’elles s’y épanouissent ?
Cette supposition interpellera certainement mais, heureusement, le duo de réalisateur·rice·s pose également une analyse de nos sociétés patriarcales en présentant, à la suite du chapitre consacré à la maternité, un autre destiné à la violence faite aux femmes par les hommes, qui, elle aussi, traverse l’ensemble des sociétés.
Bien sûr, nous n’oublions pas que, si Yann Arthus-Bertrand est connu pour son « combat environnemental », il est aussi l’une des grandes figures du capitalisme vert, qui « sait » aller chercher des financements tous azimuts.
Comme ses précédents films, Woman n’échappe pas à cette règle de la grosse production. Mais il a le mérite de donner la parole à toutes ces femmes et une émotion de puissance féminine en ressort incontestablement !
Les Grignoux