Avec The Hand of God, Paolo Sorrentino renoue avec ses origines napolitaines et offre un film autobiographique et émouvant
Dans son neuvième long métrage, le premier ouvertement autobiographique, Sorrentino retrouve évidemment son comédien fétiche, qui l’accompagne depuis ses débuts (des Conséquences de l’amour à Loro, en passant par Il divo), Toni Servillo, mais aussi Naples, sa ville natale, qu’il n’avait plus filmée depuis L’uomo in più. À 50 ans, le réalisateur revient en effet à ses racines avec une histoire dramatique très personnelle, inspirée de sa jeunesse à Naples dans les années 1980.
Durant l’été 1984, on suit le destin de Fabietto Schisa (Filippo Scotti). À 17 ans, le jeune homme vit avec ses parents (Toni Servillo et Teresa Saponangelo) dans un quartier populaire de Naples. Entre les voisins (dont une vieille baronne aigrie) et sa famille haute en couleur, Fabietto n’a pas le temps de s’ennuyer ou de réfléchir à son avenir. Ce qui le préoccupe surtout, ce sont les rumeurs de l’arrivée de Diego Maradona au club de foot de Naples… Mais le destin va frapper à sa porte et changer sa trajectoire à tout jamais. Dès le sublime plan d’ouverture aérien sur la baie de Naples, on plonge dans l’imaginaire de Sorrentino.
Si, en 2013, La grande bellezza était son hommage romain et intello à La dolce vita de Fellini, The Hand of God débute comme une vraie comédie napolitaine, par le portrait qu’il fait d’une grande famille italienne aux personnages excentriques, entre les oncles, les tantes et la grand-mère, surnommée « la femme la plus méchante de Naples ». Pourtant, quand frappe le drame (vraiment arrivé au cinéaste) auquel échappe le héros grâce à Maradona, Sorrentino change radicalement de registre pour aller vers une forme d’épure et un refus de l’ironie auxquels il ne nous avait pas habitués. C’est là la force de ce film : réussir à passer sans cesse du rire aux larmes, à capturer la vie dans toutes ses dimensions.