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À partir de son expérience chez les Achuar, peuple d’Amazonie, Philippe Descola, anthropologue de renommée, a remis en question le concept de nature propre à nos sociétés occidentales. Dans son documentaire, Elisa Levy permet à la pensée de Descola de s’exprimer et présente d’autres manières actuelles de composer les mondes via l’expérience de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
Composer les mondes s’ouvre sur une conférence de Philippe Descola qui affirme que le concept de nature n’existe pas. Il y a bien des montagnes, des vallées, des fleuves, des rivières, des pierres… mais croire que ces éléments, que Philippe Descola appelle « partenaires sociaux », forment un seul et unique ensemble est une dérive de nos idées naturalistes qui permet de nous en détacher. Cette réflexion, plus que jamais d’actualité, nous aide à comprendre en quoi cette conception de la nature et de la culture, propre à notre société moderne, provoque la crise écologique sans précédent que nous vivons ; et pourquoi, face à cet enjeu, il y a si peu de réactions…
Au fil du documentaire, Elisa Levy nous emmène plus en profondeur dans la pensée de cet anthropologue et l’illustre avec des expériences vécues par des zadistes de Notre-Dame-des-Landes. La force de son film tient aussi dans cette mise en pratique de la pensée de Descola, puisqu’il ne commente pas ce qu’il observe comme un spécialiste extérieur, mais qu’il est en interaction avec les zadistes et où ils vivent pour mieux comprendre ce qui s'y joue. Les zadistes interviewés dans ce film expliquent qu’ils se sont d’abord identifiés aux paysans et habitants de la forêt de Rohanne (lieu destiné à la construction de l’aéroport dont les zadistes ont bloqué l’implantation) qui avaient fait appel à la solidarité. Au fur et à mesure, c’est à leur milieu qu’ils se sont identifiés. Ce documentaire nous permet donc de comprendre en quoi porter un intérêt aux autres « partenaires sociaux », en les considérant comme étant doués, comme les humains, de caractéristiques et dispositions morales, peut nous aider à composer les mondes bien autrement. Et cela est bien nécessaire !
LUDIVINE FANIEL, les Grignoux
