Après BAC Nord, Cédric Jimenez s’inspire une nouvelle fois de faits réels dans un thriller tendu et efficace présenté au dernier Festival de Cannes : cinq jours d’enquête aux côtés des équipes antiterroristes de la police judiciaire française qui ont mené à l’arrestation ou à la mort des auteurs des attentats de 2015 à Paris
Caméra à l’épaule, course-poursuite, Jean Dujardin qui hurle, un suspect qui lui échappe. L’ouverture de Novembre s’inscrit parfaitement dans la continuité de Bac Nord, un thriller d’action assumé, à la mise en scène nerveuse et testostéronée. Mais lorsqu’on sait que le nouveau film de Cédric Jimenez s’intéresse aux attentats du 13 novembre 2015, on s’attend à le voir transformer cette tragédie en un polar anxiogène avec de longues séquences d’assaut et des déjections ostentatoires d’hémoglobine. Le résultat sera tout le contraire, construisant son prologue comme un pied de nez aux nombreuses critiques reçues avec cette précédente réalisation. Pas de sang, pas de coups de feu, le métrage suit les personnages au téléphone, à remplir des circulaires, de la paperasse, encore et toujours, à essayer de reconstituer les éléments de l’impensable.
Là où des Américains auraient probablement ajouté de nombreuses sous-intrigues, romantiques comme conflictuelles, Cédric Jimenez, lui, s’en tient aux faits, ne s’écartant jamais de son objectif de base : retranscrire une chasse aux fantômes. Et c’est de ce chaos banal entre les différents services de l’administration que le réalisateur va tirer un grand film, tendu sans être voyeuriste.
Sobre et efficace, Novembre réussit son pari en s’emparant probablement du sujet le plus complexe possible pour en faire une œuvre cathartique, maîtrisée et pudique. Anti-western urbain, le thriller n’en demeure pas moins passionnant et angoissant, parvenant à toucher sans heurter nos âmes encore meurtries.