Rosine Mbakam, dont nous suivons le travail avec intérêt depuis plusieurs années, nous présente un premier long métrage de fiction — sélectionné à la Quinzaine des cinéastes au Festival de Cannes — à la croisée d’un cinéma camerounais et d’un cinéma belge à forte tendance sociale
Que ce soit à travers ses documentaires (Les Deux Visages d’une femme Bamiléké, Chez Jolie Coiffure et Les Prières de Delphine) ou la fiction (ici avec Mambar Pierrette), Rosine Mbakam reste fidèle à son sujet : la vie et les conditions des femmes camerounaises, qu’elles vivent au Cameroun ou en Belgique. Ce sujet de prédilection, elle l’aborde chaque fois à travers un nouveau portrait. Ici, c’est Pierrette que nous suivons, qui habite avec ses enfants et sa mère à Douala, la capitale économique du Cameroun. Elle est couturière et c’est sur ses compétences et sa petite machine à coudre que l’équilibre fragile de la famille repose. Sans ce travail, elle ne pourrait plus joindre les deux bouts. Mais Pierrette est confrontée à d’autres problèmes (inondation, vols…) qui la font parfois vaciller du fil sur lequel elle tente de se tenir, malgré toute sa détermination à garder la tête hors de l’eau.
Rosine Mbakam nous propose une fenêtre ouverte sur le Cameroun à travers des personnages inspirés par les femmes qui ont peuplé sa vie : mère, tantes, cousines, des femmes qui se battent dans un monde dur mené par les hommes.
LUDIVINE FANIEL, les Grignoux