Lion d’or à la Mostra de Venise et trois Oscars
Cynique, drôle, intelligent… les adjectifs pour qualifier le cinéaste Yórgos Lánthimos (The Lobster, La Favorite) sont nombreux. Réalisateur qui dérange, il n’en est pas moins un extraordinaire conteur d’histoires. Dans Pauvres Créatures, il revisite le mythe de Frankenstein en y intégrant de belles touches de féminisme. Lion d’or à la dernière Mostra de Venise !
Bella Baxter (Emma Stone, phénoménale) est ramenée à la vie après sa tentative de suicide par le Dr Godwin Baxter (Willem Dafoe, défiguré), sorte de Frankenstein avant-gardiste. « God » la maintient enfermée dans un manoir, car la jeune femme a l’âge mental d’une très jeune enfant. Mais Bella mûrit et souhaite découvrir le monde extérieur, avide de connaissances et d’expériences… de tous types. Elle jette son dévolu sur Duncan (Mark Ruffalo), un avocat libertin qui l’aide volontiers dans sa quête d’apprentissage sexuel.
Il fallait un cinéaste aussi audacieux que Yórgos Lánthimos pour porter à l’écran le récit d’Alasdair Gray. Associé à Tony McNamara (avec qui il avait déjà écrit La Favorite), le cinéaste grec nous sert à nouveau une histoire étonnante qui, si elle fait écho à l’œuvre de Mary Shelley, nous raconte surtout l’émancipation sexuelle et intellectuelle d’une jeune femme. L’odyssée de Bella nous mène assurément vers la liberté !
Enfin, visuellement, le film est une splendeur absolue : le voyage de Bella nous transporte dans différentes capitales européennes, où le baroque se mêle à l’art nouveau pour faire naître des décors ultra sophistiqués.
LAURENCE HOTTART, les Grignoux