Dans Chroniques de Téhéran, les réalisateurs Ali Asgari et Alireza Khatami parviennent à traiter avec humour des sujets d’actualité graves et brûlants en passant par les « subtilités » du film à sketches
Un homme déclare la naissance de son fils. Une mère habille sa fille pour la rentrée. Une élève est convoquée par la directrice. Une jeune femme conteste une contravention. Une jeune fille se présente à un entretien d’embauche. Un jeune homme vient retirer son permis de conduire. Un homme au chômage répond à une annonce. Un réalisateur demande une autorisation de tournage. Une femme cherche à retrouver son chien.
Ces neuf saynètes offrent une peinture des agitations qui secouent la société urbaine iranienne depuis le début des soulèvements populaires. Ce que ce film sélectionné au dernier Festival de Cannes a de remarquable, c’est son tact pour traiter un sujet ô combien sensible : celui de la relation des habitants aux autorités et à l’ordre établi… Entre compromissions et oppositions, neuf nuances de civisme et d’obéissance civile en disent long sur l’étendue du malaise.
Le cinéma iranien nous avait habitués à des drames et autres mélodrames. Ici, l’originalité de son écriture et le ton de son réquisitoire anti-régime le distinguent des autres productions de ce grand pays de cinéma. Finalement, à force de jouer à contourner la censure et à tricher avec elle, les cinéastes iraniens ont su s’adapter à ce carcan et, à l’image de quelques personnages de ces sketches, ont appris à ruser et à s’exprimer librement dans la contrainte.