Quel bonheur de voir arriver sur nos écrans ce docu-fiction fascinant de Mona Achache sorti au mois de novembre en France et offrant à Marion Cotillard l’un de ses plus beaux rôles (encore un !)
À la mort de sa mère, Mona Achache découvre des milliers de photos, de lettres et d’enregistrements laissés par celle-ci. Mais ces secrets enfouis résistent à l’énigme de sa disparition. Alors, par la puissance du cinéma et la grâce de l’incarnation, elle décide de la ressusciter pour rejouer sa vie et la comprendre. Avec la complicité de l’actrice Marion Cotillard, elle recompose le personnage de sa mère disparue et interroge ainsi son histoire familiale : l’histoire d’une lignée de femmes étrangement frappées de la même malédiction…
Il y a tellement de dimensions singulières, de couches significatives dans ce film, où la dimension formelle vaut autant que son contenu, à tel point qu’on ne sait par où commencer pour le décrire… Il y a d’abord le lien étroit qu’il entretient avec la littérature parce que la mère et la grand-mère de Mona Achache étaient toutes deux écrivaines, proches de la sphère littéraire française d’après-guerre (Genet, Camus, Duras), et avaient elles aussi entrepris d’investiguer par l’écriture leur relation avec leur propre génitrice. Il y a cette trajectoire familiale hors du commun qui résonne au-delà de leur filiation et vient toucher — droit au cœur — quelque chose de collectif, faisant écho aux récits post-MeToo. Il y a ensuite cet envoûtement que le film construit à travers son dispositif singulier, révélant la puissance spectrale du cinéma, sa capacité à faire naître l’invisible et ainsi guérir les blessures intimes. Enfin, il y a Marion Cotillard, sa performance indescriptible, cette aptitude presque divine à se métamorphoser face à nous, à traverser cette frontière entre le réel et l’imaginaire, entre les vivants et les morts… C’est sublime !
ALICIA DEL PUPPO, les Grignoux