Au milieu des paysages époustouflants de l’Ouest américain, Viggo Mortensen revisite le genre du western en y infusant une belle dose de douceur, d’émotion à fleur de peau et la présence d’un personnage féminin admirablement écrit, et magnifiquement interprété par Vicky Krieps
L’Ouest américain, dans les années 1860. Après avoir fait la rencontre de Holger Olsen (Viggo Mortensen), immigré d’origine danoise, Vivienne Le Coudy (Vicky Krieps), jeune femme résolument indépendante, accepte de le suivre dans le Nevada pour vivre avec lui. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate, Holger décide de s’engager et Vivienne se retrouve seule, isolée au milieu d’une petite bourgade dominée par des hommes de pouvoir corrompus, sûrs de leur assise et aux comportements parfois très violents…
On retrouve dans ce deuxième long métrage de l’acteur Viggo Mortensen tous les ingrédients propres au registre du western. Pourtant, si ces motifs semblent renforcer un itinéraire précis, ils sont aussi sans cesse déjoués par une forme de douceur, presque déroutante, qui donne une ampleur nouvelle à ce genre traditionnellement masculin. Cette douceur s’incarne en partie dans le personnage de Vivienne, femme libre et émancipée qui choisit de rester digne en toutes circonstances et qui, à l’image des roses qu’elle cultive sur le sol aride du Nevada, insuffle une grâce immense dans cet univers chargé de testostérone. La douceur réside aussi dans cette manière de filmer l’environnement, de balayer l’espace en portant une attention particulière à la nature, à ces détails du vivant, et en laissant une large part à l’aspect sentimental. Loin d’être mièvre, la sensibilité qui imprègne le film est tout simplement humaine, rappelant sans cesse que même dans un western, un homme qu’on abat de sang-froid est une vie qu’on supprime, que la violence, réponse virile à l’insécurité, n’est jamais celle qui sauvera le monde, et que, contre toute attente, même les cow-boys ont du vague à l’âme…
Alicia Del Puppo, les Grignoux