2024-06-17
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2024-06-18
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Fable satirique contemporaine prenant pour cible un couple de « millenials » cherchant à promouvoir une nouvelle app’ qu’ils ont créé, Hypnosen a tout de la comédie nordique caustique et malaisante… Ruben Östlund (Triangle of Sadness) a trouvé un nouveau disciple, et il s’appelle Ernst De Geer !
André et Vera, deux entrepreneurs en couple, ont l’occasion de présenter leur application de santé féminine lors d’un prestigieux concours. Avant de s’y rendre, Vera essaie l’hypnothérapie pour arrêter de fumer. À partir de ce moment, son attitude change et André commence à se comporter de manière inattendue…
L’été dernier sortait la comédie noire Sick of Myself, portrait acide d’une jeune femme à ce point préoccupée par sa notoriété qu’elle en venait à s’infliger les pires atrocités dans le simple but de faire parler d’elle. Hypnosen poursuit dans cette veine, tout en progressant sur un terrain plus nuancé, moins direct. Il s’agit aussi de critiquer la tyrannie du paraître, le culte de l’influence et d’égratigner petit à petit le vernis et les filtres qui composent nos personnalités 2.0. Mais il n’en reste que la trajectoire est différente : l’intrigue chemine ici autour d’un malaise qui est graduel, passant d’un palier à un autre, pour finalement nous laisser complètement ahuris, gênés, et en même temps, tout à fait hilares.
André et Vera forment un couple jeune, moderne, modèle de réussite sur le point d’investir le vaste champ des start-ups en lançant une application supposée altruiste et féministe, mais reposant entièrement sur des logiques de marketing tendances. Ce qu’interroge le film, c’est l’authenticité de nos actions, de nos êtres profonds, dans un monde façonné par le contenu des réseaux sociaux. Et si, en renversant les attentes de cette bienséance codifiée, en faisant exactement le contraire de ce qu’on attend de nous, comme le fait Vera, on atteignait enfin une forme de sincérité libératrice ? C’est dans cette réflexion que nous installe le film, dépliant un espace fait d’humour et d’inconfort, de ricanement et d’acquiescement. On aime comme ce film nous embarrasse et nous déroute. Et on finit par adorer ce couple qui envoie valdinguer toute règle de savoir-vivre dans un geste cinématographique décidément hors du commun !
ALICIA DEL PUPPO, les Grignoux
