Pépite du cinéma indé américain, Fremont nous fait côtoyer une héroïne afghane insomniaque à la recherche d’un sursaut d’amour et de vitalité dans la banlieue de San Francisco… Une comédie romantique merveilleusement délicate et attachante !
Donya, jeune réfugiée afghane de 20 ans, travaille pour une fabrique de fortune cookies à San Francisco. Ancienne traductrice pour l’armée américaine en Afghanistan, elle a du mal à dormir et se sent seule. Sa routine est bouleversée lorsque son patron lui confie la rédaction des messages et prédictions. Son désir s’éveille et elle décide d’envoyer un message spécial dans un des biscuits…
Babak Jalali, lui-même réfugié iranien à Londres dès l’âge de 8 ans, s’est fait remarquer en 2018 avec Land, très jolie plongée impressionniste dans une communauté indienne du Nouveau Mexique. Ici c’est à une autre communauté qu’il s’intéresse de très près, à travers le beau personnage de Donya – magnifiquement interprété par Anaita Wali Zada. Le cinéaste fait le choix judicieux de ne jamais la présenter comme une victime, mais comme une jeune femme qui prend en main son destin, avec les maigres moyens dont elle dispose.
Babak Jalali, amoureux du cinéma de Kaurismaki et de Jarmusch, conduit son récit sur un ton décalé, entre mélancolie et fable de l’absurde. Les séquences chez le psychanalyste – qui lit obsessionnellement des passages de Croc-Blanc à sa patiente – sont hilarantes, tout comme cette séquence où Donya échoue dans un restaurant afghan vide tenu par un réfugié dépressif. On pense très fort à l’ambiance du splendide Les Feuilles mortes, le tout récent film de Kaurismaki. D’autant plus que Donya va peut-être rencontrer l’amour en la personne d’un… Mais on ne vous en dira pas plus !