Avec son style d’animation original et innovant, Flow est la grande révélation de ce début d’année. Plein de maîtrise et de justesse, le film nous questionne sur les rapports sociaux dans un monde où l’humanité semble pourtant avoir disparu
Golden Globe 2025 du Meilleur film d'animation
Dans un monde postapocalyptique, un chat solitaire et effrayé par l’eau lutte pour sa survie. Alors que les flots emportent tout ce qu’il a connu, il se réfugie sur un bateau et fait la rencontre de différentes espèces avec lesquelles il devra cohabiter.
Véritable prodige de l’animation, le réalisateur Gints Zilbadolis a créé de toutes pièces un univers en 3D pour y poser sa caméra, délaissant les storyboards ordinaires au profit des nouvelles technologies. À la façon d’un jeu vidéo, Flow nous fait voyager dans un monde ouvert, sans limite et sans frontière. Habituellement, lors du visionnage d’un film, notre regard est dirigé, parfois jusqu’à avoir la sensation qu’il est bridé. À l’inverse, Flow nous libère de toute contrainte pour nous laisser circuler dynamiquement au cœur d’une nature perpétuellement instable.
Certes, la forêt est verdoyante, mais elle est surtout hostile et nous répète sans cesse qu’elle a le pouvoir sur quiconque chercherait à la dompter. Une fois immergé dans le décor, on en vient presque à se dire que le principe même d’humanité paraît inenvisageable dans une nature si sauvage. Cependant, malgré l’absence totale — et très rafraîchissante — d’humain dans le film, la cohabitation entre les animaux fait resurgir des tensions sociales que nous connaissons tous.
Sans une seule parole, nous nous identifions aisément à ce petit chat vulnérable forcé à sympathiser avec un capybara nonchalant et un lémurien qui s’immisce dans la peau de Narcisse. Souvent impuissants face à notre environnement, le plus fondamental des défis réside certainement dans l’acceptation de l’autre. Pour Flow comme pour nous tous, apprendre à vivre ensemble et trouver sa place est peut-être une épreuve plus laborieuse que d’affronter ses plus grandes peurs.
ELIOTT SMEETS, les Grignoux