Si « dans l’espace, personne ne vous entend crier », sur cette planète Terre désormais hostile à l’humanité, un seul cri vous sera fatal. Un film de monstre imparable, jouant du hors-champ avec une efficacité redoutable.
Le film commence au 89e jour. De quelle catastrophe s’agit-il exactement ? Cela restera obscur. Est-ce un désastre écologique, une invasion extraterrestre ? Peu importe, ce qui compte c’est que cette soudaine tragédie a accouché d’un monde d’où suinte un stress permanent et où l’humanité restante ne conçoit plus les notions de plaisir, de bonheur ou d’innocence.
Dans ce coin indéterminé des États-Unis (et sans doute partout ailleurs), les humains ne peuvent survivre qu’en étant silencieux. Le moindre bruit de pas, le moindre chuchotement, et une atroce créature, qu’on distingue à peine, vous met en pièces. Par contre, ces sales bêtes n’y voient goutte, donc, aussi longtemps que vous pouvez rester parfaitement silencieux et en état d’alerte constante, tout va bien…
Evelyn et son mari Lee ont réussi jusqu’à présent à s’en sortir. Ils vivent avec leurs enfants à la campagne et font régulièrement des maraudes dans des villes dévastées, accumulant des stocks de vivres dans de lugubres supermarchés désertés. Bien que tout soit maintenant en « self-service » gratuit, les choix doivent être extrêmement précautionneux. Un de leurs enfants par exemple aimerait prendre un modèle réduit d’une fusée (pour s’envoler loin de cet horrible monde ?), mais l’engin a priori inoffensif pourrait facilement devenir une bombe à retardement, avec ses sons préenregistrés.
La famille est bien rôdée à cette nouvelle discipline du silence, aidée en cela par la surdité de leur fille Regan (jouée par l’excellente actrice sourde Millicent Simmonds, déjà vue dans Le musée des merveilles) qui leur a fait apprendre le langage des signes bien avant la « catastrophe ». Mais la famille va devoir faire face à un autre challenge, de taille : Evelyn est enceinte…
La simplicité du dispositif mène à une forme paroxystique de tension, tant chez les humains du film (on a parfois l’impression qu’ils vont plutôt mourir de stress aigu que sous les griffes des créatures auriculaires) que chez le spectateur. Nous n’avons pas encore vu le film, mais les ouï-dire sont plutôt excellents…
© Les Grignoux