Ce film est disponible également en matinées scolaires
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Une fermeture d’usine est annoncée, qui signerait le licenciement de 1 100 personnes. Les travailleurs bloquent. Le combat commence. Après La loi du marché, Stéphane Brizé revient avec un grand film insurrectionnel, à la mesure de nos jours et des luttes à venir….
En guerre commence par des images médiatiques, celles vues et revues tant de fois, qui égrènent d’une voix neutre (et neutralisante, c’est là tout le problème) les tragédies en devenir. Il s’agit de la fermeture pure et simple d’une usine d’un grand groupe allemand, Dimke. Conséquence directe : le licenciement de 1 100 travailleurs, alors même que ceux-ci, depuis deux ans, ont accepté de travailler plus et de renoncer à leurs primes, pour sauver l’usine, qui a par ailleurs enregistré 17 millions de bénéfices sur l’année écoulée. Malgré les promesses du patronat, le couperet tombe avec les mêmes formules usées : non-compétitivité, vision globale, actionnariat, phrases ânonnées par des comptables méprisants et des patrons qui ont vite fait de clamer une empathie avec les travailleurs lésés.
Les travailleurs et les syndicats sont remontés. La fermeture, ils n’en veulent pas. Ils ne négocieront pas de primes de départ mais veulent, coûte que coûte, rencontrer la direction allemande et sauver l’usine.
Parmi les porte-paroles des travailleurs, le syndicaliste Laurent Amédéo (Vincent Lindon, époustouflant, qui va encore plus loin que dans La loi du marché) est en première ligne, motivant les troupes, pensant les actions « coups de poing » ou forçant un rendez-vous avec un représentant de l’Élysée.
Dans ce conflit, l’État a choisi la médiation. Il soutiendra les travailleurs par la grâce du symbole qu’il représente, mais concrètement, refuse un interventionnisme trop fort sous prétexte que cela donnera forcément un mauvais signal aux investisseurs étrangers susceptibles d’investir en France et ainsi créer d’autres emplois…
En guerre est le film-synthèse de ce qu’est devenu, aujourd’hui et depuis un certain temps, la lutte des travailleurs pour préserver leurs emplois. Les discours des uns et des autres sont fouillés, précis, fruit d’un patient travail de documentation, qu’il s’agisse des communiqués des dirigeants ou des dissensions internes entre syndicats : ici, pas de raccourcis, mais du temps pour poser la complexité des problématiques.
En guerre, avec le bien-fondé de sa radicalité, est une œuvre qui saisit au plus près les acteurs de la lutte, filme les regards, les corps compressés par la police ou animés d’une verve rauque et sincère à la table de nombreuses négociations. Le titre n’est pas que la métaphore d’une violence systémique, il convient au sens littéral, comme le constat de ce que cette violence engendre.
© Grignoux — Catherine Lemaire
"Là où la réalité du cinéma rejoint la réalité du monde, c’est que le marché ne réclame pas ce type de films. Il faut pourtant qu’ils existent. Plus que jamais même."
STÉPHANE BRIZÉ
Enseignants, ce film est également proposé à Liège en matinée scolaire : infos et réservation ici