Fini la parodie. En 1977, Woody Allen, tournant le dos aux comédies burlesques qui l’ont rendu célèbre, signe un film beaucoup plus sincère et personnel.
Il revendique pour la première fois publiquement son goût pour Bergman ou Le chagrin et la pitié (ça paraît évident aujourd’hui, c’était une surprise à l’époque), se lâche violemment contre Hollywood en particulier et la côte Ouest en général, et surtout signe un chant d’amour vibrant à Manhattan et à Diane Keaton. En adoptant le ton du journal intime, le cinéaste s’inscrit dans la tradition de la comédie romantique sophistiquée. Ainsi, le couple Woody Allen/Diane Keaton est en quelque sorte l’héritier de celui formé par Spencer Tracy et Katharine Hepburn dans les comédies de George Cukor.
D’ailleurs, comme Hepburn, Keaton a inventé à travers ce film non seulement un personnage, mais un look, une attitude, un style de vie. La fin des années 1970 restera associée à cette grande fille dégingandée, avec des grosses lunettes, en gilet et cravate, gaffeuse et pourtant charmante, charmante parce que gaffeuse, le pendant féminin idéal au personnage de Woody Allen à l’écran.