Un thriller construit autour d’un triangle amoureux. Magnifiquement filmé, Burning est le lauréat du prix de la critique internationale du festival de Cannes où il était présenté en compétition officielle.
Jongsu est un jeune gars de la campagne qui aimerait devenir écrivain. En attendant l’inspiration, il vit de petits boulots. Au cours d’une de ses livraisons au centre de Séoul, il retrouve Haemi, une jeune femme originaire du même village, le long de la frontière nord-coréenne. Haemi s’apprête à partir pour l’Afrique, dans le désert du Kalahari et demande à Jongsu de s’occuper de son chat pendant son absence. À son retour à l’aéroport de Séoul, elle est accompagnée par Ben, un beau gosse originaire du quartier huppé de Gangnam-gu. Ben roule en Porsche, aime cuisiner des plats raffinés et fréquente les bars branchés de la capitale. Un univers de luxe qui semble à des années lumière de celui où évoluent Haemi et Jongsu. Il les y accueille pourtant sans manières, nullement gêné par leur côté provincial. Et puis Haemi disparaît. Et Jongsu de partir à la recherche de celle qu’il aime…
On pourrait qualifier Burning de thriller contemplatif. Lee Chang-Dong prend en effet le temps d’installer ses personnages, de révéler leur psychologie par petites touches et par des procédés de mise en scène qui vont très vite amener le spectateur à comprendre qu’il a peut-être fait fausse route : ce qui semblait être un drame romantique autour d’un triangle amoureux se transforme progressivement en un film noir où il est question d’inégalités familiales et sociales. D’ailleurs, la nouvelle de Murakami était elle-même inspirée du roman L’incendiaire de Faulkner, auteur cité à plusieurs reprises par les protagonistes du film. Sublimé par une lumière en constant mouvement et par le jeu extrêmement maîtrisé des trois acteurs, Burning est une véritable réussite jusque dans sa dernière scène, un plan séquence d’une violence et d’une beauté inouïes.
©Les Grignoux - Laurence Hottart