La réalisatrice turque Deniz Gamze Ergüven évoque les émeutes de Los Angeles en 1992 à travers l’histoire d’une mère courage improvisée.
Nous rentrons dans le film en compagnie de la pétillante Millie (Halle Berry) dont la maison grouille d’enfants de tous âges. On apprend vite qu’elle joue les familles d’accueil pour tous les enfants défavorisés du quartier, en attendant que ceux-ci trouvent un foyer d’adoption ou que leurs parents sortent de prison. Nous sommes en 1992 dans le quartier de South Central à Los Angeles et sur tous les postes de télé, on ne parle que du procès « Rodney King », un chauffeur noir passé à tabac par quatre policiers, devenu depuis le symbole de la violence policière envers les Afro-Américains. La communauté noire attend fébrilement l’annonce du verdict : la justice américaine va-t-elle enfin se prononcer du côté des minorités ? Nous saurons rapidement que non… Et ce sera le début d’une longue journée d’émeutes (la révolte dura six jours en réalité) qui feront de nombreux morts et des millions de dollars de dommages matériels.
Dans le bouillonnement furieux qui agite alors Los Angeles, Millie parviendra-t-elle à rassembler et protéger sa marmaille ? Elle pourra fort heureusement compter sur la solidarité d’Ollie (Daniel Craig), le seul Blanc du quartier, un écrivain quadra qui n’est par ailleurs pas indifférent à son charme…
On se souvient du très joli et très primé Mustang, le premier film de la réalisatrice. Si Kings est très différent, il y a malgré tout un réel cousinage. On retrouve la même vitalité des personnages, une fougue du récit, une thématique qui résonne comme une urgence vitale. La grande réussite du film est de restituer de l’intérieur l’ambiance de l’époque, de nous embarquer dans ce même tourbillon qui engloutit soudain les habitants tout en continuant de nous faire sourire, parce que la vie doit continuer et qu’on ne refuse pas au passage une petite romance loufoque qui permet de digérer le tout…