Une prière avant l’aube est à la fois un immense film de boxe et un film de prison claustro à souhait, peint avec une grâce implacable.
Film visible uniquement au cinéma Sauvenière à Liège
Jean-Stéphane Sauvaire ne fait pas dans la romance. Après avoir filmé la descente aux enfers d’enfants soldats en Afrique dans Johnny Mad Dog, il se penche sur la vie en suspens d’un boxeur anglais, Billy Moore, pris dans une spirale de violence au cœur de l’une des prisons les plus horribles de Thaïlande, Klong Prem. C’est un pur film carcéral, tourné avec un acteur anglais, Joe Cole, au sein d’une troupe d’acteurs non professionnels thaïlandais. Si la boxe est au cœur du récit, Une prière avant l’aube est avant tout une expérience sensorielle éprouvante qui sonne comme un uppercut. La mise en scène de Sauvaire siphonne l’énergie de chaque plan pour exalter la rage de Moore que l’on sent prête à exploser à la moindre bousculade. C’est cette hargne qui lui permet de tenir bon. Puis, vient le temps étrange de l’apaisement, lorsque le boxeur peut enfin renouer avec ce qui le fait avancer dans la vie : ses poings. Le parti pris plastique du film est éblouissant. Sa beauté première vient de sa volonté de capturer les corps entassés, comme si chaque détenu participait d’une immense texture pour ne former qu’un avec sa communauté.