Davantage qu’un documentaire, Voyage of Time de Terrence Malick se présente comme une méditation sur le monde et une ode à la nature.
Le dispositif, ancré dans la filmographie du cinéaste, est donc celui du poème visuel, qui occupe ici la totalité de l’espace filmique. Délesté des contraintes de la fiction, Malick s’abandonne entièrement à sa veine contemplative : ces échappées qui traversaient ses précédents films sont devenues la matière même de ce dernier opus. L’enjeu est ici de mettre en scène le « voyage » de la vie et du temps, avec cette ambition cosmique, qui est comme la signature du réalisateur. En toute probabilité, son film continuera de diviser à la façon des autres, entre ceux qui n’y verront que velléités mystiques et « belles images », et ceux qui feront l’éloge de la force poétique d’un cinéaste à la démarche sans équivalent. Mais avant toute chose, il faut rendre à Malick ce qui lui appartient, et préciser que ses images ne sont pas de « belles images ». Elles sont stupéfiantes, des visions d’une qualité telle qu’on s’étonne que l’on puisse filmer la nature d’aussi près et avec autant de précision, à l’image d’un plan rapproché d’une baleine qui laisse entrevoir les multiples cicatrices striant sa peau.