Objet expérimental et spectaculaire, le film-trip métaphysique de Kubrick n’a pas pris une ride
Film visible uniquement dans nos cinémas liégeois
2001 est un trip d’une irréductible étrangeté, à la fois spectaculaire dans son ambition, ses effets spéciaux, ses maquettes d’aéronefs, sa station orbitale, son show futuriste clignotant, et complètement expérimental avec ses durées, ses moments de vide, sa rareté de dialogue, son montage long, son épaisseur philosophique et son emballage final ésotérique.
On peut voir ce film sous un angle sexuel, biologique, matriciel, tant abondent les symboles d’organes féminins ou masculins, les figures rondes et phalliques, les allégories d’accouplements.
On y remarquera aussi l’instinct prophétique de Kubrick dans les rapports entre les hommes et leur ordinateur qui sont au cœur du film dès 68, et au cœur de notre quotidien et de nos intimités aujourd’hui.
Mais par quel sortilège ce film demeure-t-il un objet de rêverie inépuisable pour les spectateurs qui l’ont vu quinze fois ? Où réside son abyssale suprématie sur tous les Star Wars ou Star Trek du monde ? Dans le monolithe noir, c’est-à-dire dans sa teneur existentielle, théologique, métaphysique…
Loin d’être une vulgaire démonstration d’effets spectaculaires ou un banal space-opera opposant bons et méchants, 2001 confronte l’espèce humaine à sa relativité, sa solitude et sa fragilité dans l’immensité des espaces infinis.