Avec son documentaire L’empire de l’or rouge, le réalisateur Jean-Baptiste Malet nous en apprend des vertes et des pas mûres sur la tomate. Au fil du temps, ce fruit charnu est devenu un énorme enjeu pour les groupes industriels qui s’en disputent le monopole
Jean-Baptiste Malet vit en Provence et se demande pourquoi les sauces tomate qu’il trouve dans les supermarchés proviennent de Chine. Après une enquête de deux ans, qui l’a mené à travers le monde, il révèle que la tomate est bien devenue le fruit pourri du système capitaliste : sa production, sa transformation (en sauces, concentrés, ketchups, etc.) et sa distribution se partagent entre l’Italie, La Chine et les États-Unis ; son marché, dont les grands groupes industriels ont fixé les règles du jeu, répond désormais aux normes de l’agro-industrie.
Si le réalisateur est allé à la rencontre de cueilleurs, d’entrepreneurs, de paysans, de généticiens et de fabricants de machines, la grande force du film tient aux témoignages décomplexés de puissants actionnaires qui expliquent leur logique de rationnalisation des coûts – surtout ceux liés au salariat – pour aller vers une ultra-mécanisation de la production. Dans les logiques d’un monde globalisé où tous les coups concurrentiels sont permis, la tomate est devenue l’or rouge de ceux qui la convoitent, au détriment de la sueur des travailleurs exploités.
Les Grignoux