Autour du destin contrarié de Dylan, un entrelacs de personnes, d’événements, de bonnes et mauvaises surprises, comme seule la vie peut nous en apporter. Une fresque protéiforme qui nous amène de New-York à l’Espagne, par un trajet aussi étonnant que bouleversant
Seule la vie... compte bien, avant de nous raconter ses belles histoires et les nouer entre elles avec des fils de soie, secouer notre petit confort de spectateur. Ainsi, avant de véritablement débuter, serons-nous désorientés par plusieurs débuts d’histoires… Il y aura notamment une psychiatre attentive et un type bouffé de chagrin, le tout narré avec une bonne dose de malice par Samuel L. Jackson (hommage non déguisé à Pulp Fiction compris).
Toutes ces bribes, ou du moins quelques-unes d’entre elles, créeront le cadre de la rencontre entre Aby (Olivia Wilde) et Will (Oscar Isaac). Ils sont amis à la fac, mais on sent chez eux l’envie d’autre chose, de quelque chose de plus. En plusieurs tableaux bien brossés, spirituels, et au rythme de dialogues savoureux, leur histoire d’amour se déroulera sous nous yeux, tendre, ludique et passionnée à la fois. Et ensemble, comme cela arrive régulièrement, ils décideront d’avoir un enfant.
Pourtant, quand nous rencontrons Will au début du film, il semble au bout du rouleau, frappé par un chagrin qui le confine à la folie. Les raisons de sa dépression, ainsi que ses répercussions, nous feront passer sans artifice à la vie de Dylan (Olivia Cooke), jeune femme aussi rebelle que brillante, qui brûle la chandelle par les deux bouts.
Mais Dan Fogelman, le réalisateur (à l’œuvre également derrière la série This Is Us), ne se contente pas de ce récit ramifié et va chercher de plus lointaines répercussions, à la manière d’un effet papillon. C’est ainsi que l’intrigue, foisonnante mais suffisamment bien tenue pour qu’on ne s’y perde pas, nous mènera en Espagne… dans une oliveraie au patron blessé (Antonio Banderas). Celui-ci n’hésite pas à s’immiscer dans la vie d’un de ses ouvriers, fasciné qu’il est par leur droiture et le bonheur qu’ils dégagent.
L’ambition est impressionnante et touche juste : nous sommes emportés le souffle court dans toutes ces destinées qui virevoltent et se déploient à la faveur de questionnements philosophiques et d’émotions à fleur de peau.
Si Seule la vie… s’attache à des moments impressionnistes, c’est pour nous montrer les inattendues connections possibles entre des êtres qui ne parcourent pas les mêmes espaces et les liens d’apparence solides qui se fissurent pourtant d’un rien. In fine, il s’agit de donner du sens à nos vies qui n’en ont pas a priori, et à le créer grâce à nos joies, nos peines, nos ancêtres et la conscience de nos futurs incertains.
Les Grignoux