La nouvelle production de Steve McQueen après 12 Years a Slave.
Un film de casse décliné au féminin, dont les promesses s’élèvent bien au-delà du simple film d’action On n’en attendait pas moins de ce cinéaste qui, en trois films (Hunger, Shame et 12 Years a Slave) est parvenu à s’imposer comme une valeur sûre du cinéma hollywoodien (même s’il est lui-même d’origine anglaise). On ne peut que se réjouir qu’un réalisateur de sa trempe, adepte d’un cinéma d’art et essai assez pointilleux, s’attaque aujourd’hui à un projet plus grand public, où qualité formelle et plaisir de l’action vont de pair.
L’histoire est celle de quatre femmes qui, suite à la mort de leurs maris lors d’un casse qui a mal tourné, se retrouvent contraintes, pour échapper aux menaces de sombres escrocs, d’organiser un braquage, alors même qu’elles n’y connaissent rien au crime organisé. Voilà pour l’essentiel de l’action. Mais McQueen ne s’est pas contenté d’un pitch vendeur. Avec sa coscénariste Gillian Flynn (Gone Girl, Sharp Objects), il a développé une intrigue dont la vraisemblance – faite d’imbrications politiques, de considérations sociales et de personnages dont on croit aux enjeux vitaux –, demeure le cœur du film. Et l’actrice Viola Davis (Fences, How to Get Away with Murder), interprète du rôle principal – celui de Veronica, l’instigatrice du gang de femmes – n’y est pas pour rien. Tombant de haut après le décès de son mari, elle est cette veuve qui découvre du jour au lendemain la brutalité d’un monde corrompu sous toutes ses coutures et l’extrême violence du chacun pour soi dans une Amérique où les lois ne se déploient plus à l’échelle des individus (les pauvres, en tout cas). Comme toujours son jeu est puissant, ses larmes hyperréalistes, et sa rage communicative. Moins superficiel qu’Ocean’s 8 – qui n’était somme toute que la variation d’une franchise à succès avec des femmes –, Les veuves semble ouvrir une nouvelle brèche dans le cinéma de genre : celle du film de casse social et féministe. Que demander de plus ?
LES GRIGNOUX