Prix de la mise en scène au festival de Berlin 2018
Le meilleur d’un cinéma polonais frondeur, inventif et visuellement remarquable récompensé du Prix de la mise en scène au festival de Berlin 2018
Un ouvrier, suite à un accident sur un chantier, a le visage tellement abîmé qu’il nécessite une lourde opération de chirurgie reconstructrice. Il revient dans sa communauté rurale, il est méconnaissable – avec les effets que cela va avoir sur ses proches. Au-delà du sort personnel de son héros, Mug se sert de lui comme d’un révélateur. Comme si son nouveau visage était un masque impassible mettant en valeur les grimaces de sa famille, de ses voisins, de l’autorité, de l’église. Malgorzata Szumowska décrit un milieu rural renfermé sur lui-même, volontiers raciste, qui s’achète une bonne conscience en allant à l’église. L’hypocrisie religieuse suinte par tous les pores dans ce film où l’on a fondamentalement peur de l’autre, qu’il s’agisse d’un gitan ou du fils de la famille dont le visage a étrangement changé. Le film aurait pu être écrasé par la puissance de ses symboles. Mais il respire dans la mesure où il ne se prend pas trop au sérieux.
Si c’est un drame terrible qu’on nous raconte, Mug emprunte au malaise de la comédie, au décalage du conte de fées. C’est l’une des bonnes surprises de ce long métrage, où le sublime et la vulgarité peuvent se rejoindre dans un même plan. Sa cruauté et son sens de l’absurde n’entravent pas l’humanité et l’empathie…