Pour aider son prochain, Damien est prêt à accepter n’importe quoi, y compris reconnaître la paternité d’enfants menacés d’expulsion. Une comédie sociale vitaminée qui ne craint pas les bons sentiments mais qui met un sacré baume au cœur
Éducateur dans une école de banlieue, Damien (Franck Gastambide), trentenaire débonnaire qui se préoccupe peu du monde dans lequel il vit, découvre un jour que l’un de ses élèves, le jeune Bahzad, risque l’expulsion car sa mère, réfugiée syrienne, n’a plus de titre de séjour. En creusant un peu, il conclut que la seule solution pour réellement lui venir en aide est de reconnaître Bahzad comme son fils, ce qui permettrait ainsi de régulariser la situation. Mais Bahzad n’est pas le seul enfant dans ce cas, et Damien se retrouve très vite dépassé par les événements… Car une fois qu'il a accepté cette drôle de proposition, c’est une dizaine de familles sans-papiers qui se pressent à sa porte pour réclamer le même traitement. Et Damien, qui est un homme bienveillant, ne voit tout simplement pas pourquoi lui, qui a la chance d'avoir la nationalité française, ne ferait pas profiter des gens dans le besoin de ce privilège dont il jouit simplement sans même l’avoir demandé. Il se met donc à la recherche de pères potentiels prêts à reconnaître avec lui des enfants en situation irrégulière…
Évidemment, le ton est celui de la comédie bon enfant, et ce cas de figure rocambolesque va devenir le prétexte à toutes sortes de blagues, dialogues comiques ou portraits de groupe amusants. Cependant, le film n’oublie jamais sa fibre sociale, et ce qui aurait pu nous paraître de prime abord épineux – rire d’une situation tragique touchant des milliers de familles et politiquement révoltante – se révèle finalement très touchant. On parle ici du délit de solidarité – être sanctionné pour venir en aide aux autres –, de la manière dont celui-ci est considéré par les autorités, et de la façon dont avec toute la bonté du monde on ne peut échapper aux contradictions d’une société essentiellement fermée sur elle-même. On aurait sans doute davantage apprécié un discours un peu moins patriotique – la France, ce si beau pays où tout le monde veut vivre et se sent chez lui – mais on se laisse en fin de compte bercer par ce climat de bienveillance et ces personnages à la générosité infaillible.
LES GRIGNOUX