Ce film est disponible également en matinées scolaires à Namur
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Xavier Dolan est rentré au pays ! Après son film français Juste la fin du monde, et l’américain Ma vie avec John F. Donovan (inédit en Belgique), l’ex-jeune prodige (il vient d’avoir 30 ans) revient au Québec et ça lui va très bien !
Deux amis d’enfance s’embrassent pour les besoins d’un court métrage amateur. Suite à ce baiser d’apparence anodine, un doute récurrent s’installe, confrontant les deux garçons à leurs préférences, bouleversant l’équilibre de leur cercle social et, bientôt, leurs existences.
Avec la trentaine, Xavier Dolan (dont c’est déjà le huitième long métrage) arrive à une maturité intéressante qui se reflète dans son cinéma, allant plus loin que ses urgences de jeunesse pour se questionner différemment par rapport aux autres et au monde. D’où ce nouveau film qui, au premier abord, déstabilisera les aficionados de ses envolées lyriques et romantiques. En filmant une bande de potes entre amour et amitié, Xavier Dolan se canalise en apparence pour mettre sa mise en scène au service de ses acteurs (et de lui-même puisqu’il tient l’un des deux rôles principaux) comme il l’avait déjà montré dans Juste la fin du monde, mais retrouvant ici quelque chose d’émotionnellement plus sophistiqué. Avec une grande maîtrise du groupe, ayant composé le casting parfait, il nous fait vivre le tourbillon de leurs relations à quelques jours du départ de l’un d’eux – Maxime (Xavier Dolan). S’y mêlent le plaisir d’être ensemble, les souvenirs, la fin de quelque chose et l’appréhension d’un nouveau départ. Ça bavarde, rit, boit, nage, bouge dans tous les sens.
Certaines scènes sont magnifiques comme cette nage en solitaire dans le lac. Puis il ouvre peu à peu la porte aux non-dits qui remettent intérieurement Maxime et Matthias (Gabriel D’Almeida Freitas) en question. Il caresse les regards, s’approche des visages, sonde l’insondable des sentiments refoulés sans jamais se lâcher. En surimpression sur ce tableau amical apparaît le portrait de la famille réelle de Maxime (une mère addict, un frère absent) et le portrait de la famille rêvée (la mère attentionnée d’un copain).
Comme toujours, il y a de l’abondance dans le film de Dolan, mais ici, le jeune réalisateur semble entrer dans une nouvelle ère de son cinéma, plus mature, moins fulgurante, moins immédiatement rageuse, mais toujours avec ce mélange pop et à fleur d’âme. Matthias & Maxime ne claque pas comme avait pu le faire Mommy. Car Dolan donne à son histoire d’amour aux couleurs flamboyantes d’automne une mélancolie plus maîtrisée et un romantisme plus contenu. Il vieillit mais joliment.