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Éditorial du journal n°309

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En 2023, nous avons réalisé 533.000 entrées, ce qui n’est pas rien. Cela permettrait de remplir quelques stades du Standard, pour oser la métaphore footballistique !

Ces entrées sont 18 % plus élevées qu’en 2022, une année qui avait déjà montré des signes encourageants de redressement depuis la pandémie. Elles restent 10 % (contre 13 % en France) en deçà de 2019, l’année de référence pour l’industrie du cinéma. Les voyants ne sont toujours pas au vert, mais ayons aussi la lucidité de reconnaître que le monde du cinéma n’est pas seul à souffrir. La santé de nombreux secteurs (une pensée parmi d’autres pour le monde agricole, hospitalier et de l’enseignement) est, elle aussi, fragilisée.

Portés par la vague « Barbenheimer », beaucoup de films se sont distingués en 2023, profitant d’un effet d’entraînement propice à redonner le goût du cinéma sur grand écran.

Symptôme d’un cinéma d’auteur français résistant et novateur, Anatomie d’une chute a réalisé 10.500 entrées chez nous sur les 75.000 en Belgique. Cela démontre au moins deux choses : d’une part, les films hollywoodiens ne sont pas les seuls à connaître de vrais succès populaires ; d’autre part, les résultats aux Grignoux du film de Justine Triet prouvent à quel point vous êtes, cher public liégeois et namurois, essentiel à la vie du cinéma d’auteur. En témoignent encore les performances du Consentement (4.100 entrées sur les 13.000 belges), du Règne animal (4.500 entrées sur 18.000), du Syndrome des amours passées (2.400 sur 7.800), de La Fiancée du poète (2.700 sur 9.400), du Temps d’aimer (1.500 sur 5.300) et de Second Tour (4.600 sur 15.000). Plus que jamais, les Grignoux restent une structure essentielle pour les entrées d’un film en Belgique.

Ce début d’année 2024 suit les mêmes tendances qu’il y a un an. Dégagé des productions hollywoodiennes pour encore un bon bout de temps (si l’on excepte la sortie de Dune – Deuxième partie, fin février), conséquence de la grève des scénaristes et des acteurs d’il y a quelques mois, le cinéma d’auteur poursuit sur sa lancée. Par exemple, Joachim Lafosse réussit son meilleur démarrage en Belgique avec Un silence : 9.100 entrées au 30 janvier, dont 2.200 rien qu’aux Grignoux.

Cet engouement pour la salle et les films ne peut être stimulé qu’à travers une analyse cinématographique de qualité, dont l’influence demeure importante sur le choix du public. Il faut remettre le cinéma au centre des débats, en profitant des résultats à la hausse depuis le Covid. Les quotidiens, les sites, les blogs, les magazines spécialisés font, dans leur grande majorité, un travail éditorial remarquable. La critique argumentée et la pluralité des rédactions sont les garants d’un contenu passionnant et profond. Les avis contradictoires, les enquêtes au long cours, les grands entretiens participent à la formation d’un point de vue personnel affirmé, d’un amour du cinéma comme Art à part entière.

Le monde de l’enseignement, en particulier les départements audiovisuels des Hautes Écoles et des Universités, joue évidemment un rôle central dans le développement de notre regard et de notre pensée, face à ce monde où l’image est centrale et où la démocratie est en danger. À notre niveau, le travail que réalisent nos équipes d’Écran Large sur Tableau Noir par la réalisation de dossiers pédagogiques et d’animations, et le lien fort entretenu avec les directions des écoles et les professeurs, participent du même élan, de la même nécessité.

Un début d’année est propice aux vœux. Et si nous formulions celui d’un service public audiovisuel belge francophone où le cinéma serait remis à sa juste place, centrale ?

Et s’il nous proposait — enfin — des émissions de cinéma à la télévision et à la radio, à une heure de grande écoute ? On rêve de rendez-vous où la pluralité des opinions et le débat seraient la norme, où l’on prendrait le temps de parler passionnément (donc, sans cynisme ni condescendance) de tous les films, pas uniquement des plus médiatisés. Alors, on nous rétorquera sans doute que ce n’est pas réalisable, que nous sommes de doux naïfs et que cela demanderait un budget trop conséquent. Cela nécessiterait surtout un geste politique et éditorial fort pour l’avenir des salles et du cinéma d’art et essai ! Qu’on nous donne l’envie, l’envie d’avoir envie, comme disait un célèbre chanteur français aux origines belges…

Les Grignoux

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