Une œuvre monstre à l’image de la démesure, de la truculence débordante du cinéaste
Sur l’île de Kurage, dans l’archipel d’Okinawa, la vie se partage entre légendes, superstitions et mise à l’écart d’une famille condamnée par ses incestes à répétition. Un ingénieur de Tokyo y est dépêché pour aider à faire parvenir de l’eau à la raffinerie de sucre, qui emploie les habitants de l’île. La confrontation entre ces rites insulaires ancestraux et la modernité du nouveau Japon va bouleverser l’équilibre de ce microcosme aux apparences paradisiaques.
Mais ne comptez pas sur Imamura pour vous bricoler une morale rassurante, un chapelet écologique de circonstance ou un hymne à la toute puissance d’une industrie qui remettrait la raison au milieu du village. Imamura cultive en permanence l’imprévisible, le débordement, une outrance toujours maîtrisée. Voilà peut-être l’un des films le plus ambitieux d’Imamura, une œuvre charnelle et protéiforme où se conjugue étroitement réflexion politique, approche anthropologique et lignes de fuites philosophiques.